Après le « sommet social », une mobilisation plus forte s’impose
À la sortie du « sommet social » du 18 février à l’Élysée, ce n’est pas un sentiment de déception qui domine les commentaires syndicaux, mais bien celui d’une colère renforcée.
Depuis la mobilisation du 29 janvier qui a rassemblé 2,5 millions de personnes dans les rues, rien dans les conversations préparatoires avec les ministres, rien non plus dans les interventions du chef de l’État ne laissait planer de doute sur la consistance des annonces. « Si la force de la mobilisation du 29 janvier a contraint le président de la République à de premières annonces sociales, elle n’a pas encore permis d’obtenir l’inflexion demandée sur les politiques d’emploi, de salaires, de contrôle des aides publiques et de justice sociale indispensables pour sortir de la crise », analyse la CGT au lendemain de la rencontre.
Nicolas Sarkozy s’est livré à un grand coup de communication à 2,6 milliards d’euros en distribuant primes par-ci, réduction par-là. « Il distille un certain nombre de mesures temporaires, émiettées et de faible portée qui relèvent plus d’un faible accompagnement social de la crise que d’une politique permettant de la surmonter », relève la Confédération.
Mais sur le fond de sa politique, il ne change rien.
Mieux, il confirme que grâce à lui la France s’en sort moins mal que les autres et qu’elle serait rentrée en récession plus tard. Il faut donc continuer à réformer, fut-ce contre l’avis de tous. Il persiste à ne pas remplacer les fonctionnaires qui partent en retraite, il persiste à ne pas relancer la machine économique par la consommation en augmentant le Smic.
Évidemment, pour les populations concernées par telle ou telle mesure, on ne pourra pas dire que rien n’est fait, mais si l’on croise ces annonces qui font appel à des mécanismes fiscaux avec d’autres décisions telle que la suppression de la taxe professionnelle, on peut craindre un transfert massif de charges sur les ménages par la fiscalité locale ou par les indirects. Et puis il faut redouter aussi une amplification des difficultés budgétaires pour les services publics privés de ressources.
Rien dans ces annonces ne vient changer les mécanismes qui ont conduit à cette crise systémique. Quant au nouveau partage des profits, le chef de l’État renvoie à des discussions entre patronat et syndicats et Laurence Parisot a déjà prévenu qu’il ne saurait être question de revenir en quoi que ce soit sur les principes de la propriété. Priorité aux actionnaires, décidément seuls créateurs de richesse… On voit où cela nous mène.
Après le 18 février, il y a tout de même une raison de se réjouir. L’unité syndicale que l’on croyait à la merci des annonces présidentielles tient bon. Les syndicats se voient lundi 23 février pour définir les modalités de la prochaine mobilisation qu’ils ont déjà fixée au 19 mars prochain. C’est historique et cela tombe au moment où l’exécutif est au plus bas dans les sondages. Non pas sur son style, mais sur le fond de sa politique. Nicolas Sarkozy n’a pas convaincu mercredi soir. C’est vrai pour les organisations syndicales déçues et plus que jamais mobilisées pour le 19 mars. Mais c’est aussi vrai pour six Français sur dix à en croire un sondage CSA dans Le Parisien/Aujourd’hui en France daté de vendredi 20 février.
Ils sont encore plus nombreux (62 %) à soutenir et avoir de la sympathie pour la journée de mobilisation sociale du 19 mars. Nous avons un peu moins d’un mois pour préparer ce grand rendez-vous social et faire en sorte que plus d’ingénieurs, cadres et techniciens s’en saisissent pour défendre leurs revendications en matière d’emploi, de salaire, de reconnaissance des qualifications.
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