mercredi 4 février 2009
Le gouvernement s’assoit sur les droits des femmes
Pourquoi faire dans la demi-mesure ? L’Etat français vient de diminuer de 42 % le montant de sa subvention au Mouvement français pour le Planning familial – pourtant reconnu d’utilité publique –, la faisant passer de 2,5 millions d’euros en 2008 à 1,5 million en 2009 (lire le communiqué du MFPF) ; et, en 2010, la subvention pourrait être purement et simplement supprimée. Cette mesure aboutira à la disparition d’un tiers des associations départementales du Mouvement, qui dénonce « une petite et fausse économie pour le budget de l’Etat » : en effet, même si l’on admettait que tous les domaines de la vie doivent se plier aux lois de l’économie, il faudrait se rappeler que la mission de prévention assurée par le Planning, en évitant des grossesses non désirées, représente autant d’économies ultérieures en matière de santé.
C’est le travail essentiel d’écoute, d’information et d’orientation accompli par le Mouvement en matière de sexualité, de contraception, d’avortement et de lutte contre les violences qui est ainsi nié. On ne saurait imaginer meilleure manière de signifier le peu de cas que l’on fait des droits et de la santé des femmes. En décembre dernier, déjà, le Planning familial de Marseille a été obligé de fermer ses portes pour cause de vétusté de ses locaux.
Sorti en novembre 2008, le film de Claire Simon Les Bureaux de Dieu – qui peut cependant susciter de sérieuses réserves – a permis à un large public de découvrir cette association qui, née à l’époque où l’avortement était encore interdit, a joué un rôle important dans le combat pour sa légalisation. En 2004, le documentaire de Mariana Otero Histoire d’un secret, évoquant un passé encore proche mais constamment passé sous silence, avait rappelé la fragilité des droits acquis au cours des décennies 1960-1970 (lire « Les acquis féministes sont-ils irréversibles ? », par Mona Chollet, avril 2007). Ces dernières années, dans les pays occidentaux, les défenseurs du droit des femmes à l’avortement et à la contraception n’ont cessé de perdre du terrain sur le plan idéologique (lire « Menaces sur le droit à l’avortement », par Anne Daguerre, février 2008).
Ironie du sort, cette décision intervient au moment même où, aux Etats-Unis, M. Obama a mis fin à la désastreuse politique de son prédécesseur en abrogeant, dès le 23 janvier, la disposition interdisant d’attribuer des fonds publics aux ONG qui pratiquent des avortements ou prodiguent des conseils dans ce domaine dans les pays en développement. L’International Planned Parenthood Federation (IPPF), basée à Londres, chiffre en dizaines de millions le nombre de grossesses non désirées et d’avortements clandestins – parfois mortels – qui auraient pu être évités au cours des huit dernières années dans le monde (lire « Ravages de la clandestinité », par Anne Daguerre, février 2008).
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