lundi 22 juin 2009


Avec l’emploi, les retraites comme variable d’ajustement

La retraite est un sujet trop sensible pour qu’on ne prête aucune attention aux propos du ministre du Travail dimanche 14 juin. Certes le gouvernement et sa majorité sont décomplexés, mais les commentaires et les relais des propos de Brice Hortefeux ne peuvent être regardés comme un simple ballon test pour jauger l’état de l’opinion et la combativité syndicale.


Le gouvernement entend faire de l’année 2010 un rendez-vous majeur de réforme de nos régimes de retraite, répondant ainsi aux vœux du Medef qui, il y a quelques semaines, a posé l’exigence « d’un dernier rendez-vous » en la matière. Et l’on remarquera que dans l’énoncé des trois leviers possibles pour faire face à la dégradation des comptes, le ministre reprend à son compte le dogme patronal sur l’impossibilité d’accorder le moindre financement supplémentaire aux retraites comme à l’ensemble de la protection sociale. Dès lors, à ses yeux comme à ceux de Laurence Parisot, le recul de l’âge de la retraite et l’allongement de la durée d’assurance s’imposent. Mais ces leviers n’ont pas pour vertu de prolonger la durée réelle de l’activité, mais de faire baisser le niveau des pensions servies. C’est d’ailleurs le principal effet des réformes passées qui ont conduit à une diminution sans précédent des prestations servies aux retraites sans pour autant assurer l’équilibre des régimes. La retraite deviendrait alors après l’emploi et les salaires, la variable d’ajustement que le pouvoir utiliserait pour tous les problèmes de l’équilibre des finances publiques.

Personne, à commencer par la CGT ne songe à nier la réalité de la question du financement des retraites. D’ailleurs, il y a bien longtemps qu’elle propose l’augmentation des ressources qui doivent être consacrées au financement de la protection sociale en général afin d’assurer un équilibre pérenne des régimes. Sauf à vouloir ne plus soigner, ne plus assumer le vieillissement démographique, à ne plus avoir de politique familiale, notre pays devra consacrer une part croissante de la richesse créée à ces financements solidaires et collectifs.

Gouvernement et patronat n’ignorent pas cette réalité, mais le modèle économique et social qu’ils veulent imposer en lieu et place c’est la retraite par capitalisation, les assurances santé. Pas pour l’efficacité, mais parce que la protection sociale représente en France un gâteau financier qui échappe encore trop au marché. Pour la CGT, des solutions existent. Elles passent par une politique de l’emploi efficace. Chaque point de masse salariale supplémentaire apporte 1,5 milliard d’euros aux régimes de retraite. L’augmentation des ressources suppose notamment que la totalité des rémunérations donnent lieu à cotisation, ainsi que les revenus financiers des entreprises. Si l’on prend la question des retraites et de la Sécu par le biais du financement, il devient possible d’envisager l’avenir de manière positive en garantissant aux futurs retraités, y compris les plus jeunes, un revenu de retraite dès 60 ans qui soit en continuité avec le revenu d’activité. Cette vision là, ne s’imposera pas sans une mobilisation sociale qui, il faut le reconnaître, sur ce sujet n’a pas toujours été à l’unisson.

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