lundi 15 juin 2009


Une fièvre sociale qui ne baisse pas


Alors que près de trois Français sur quatre ont approuvé la dernière journée d’action unitaire du 13 juin, il est clair que les organisations syndicales ne peuvent se féliciter de l’ampleur des 159 manifestations et rassemblements et qu’elles doivent réfléchir à redonner un souffle à la mobilisation, maintenir la pression mais aussi assurer une vigilance durant cet été qui ne devrait pas échapper à la règle en matière de mauvais coups législatifs.

De leur côté, l’exécutif et le patronat ne peuvent parier sur la fin des mobilisations. D’autant moins que la colère sociale est profonde, que la crise frappe très durement, en particulier les jeunes. D’ailleurs, c’est en partie, mais seulement en partie, dans cette colère sociale que l’on peut trouver les raisons de l’abstention record qui a marqué les élections européennes. Hélas, mais c’est en général le cas, la conflictualité sociale ne se traduit pas mécaniquement ni par la participation qui continue à chuter, ni par le choix des électeurs qui se déplacent.

L’Élysée, Matignon, le patronat sont assis sur la bombe de l’emploi. Les pertes nettes d'emplois salariés ont atteint 187 800 sur les trois premiers mois de 2009, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de l'Emploi. Pôle emploi, dont le champ statistique est plus étroit, avait déjà fait état mercredi d'une accélération des destructions d'emplois salariés au premier trimestre (-175 100). « Cette baisse trimestrielle est d'une ampleur jamais observée dans toute l'histoire économique de la France », selon le directeur des statistiques de Pôle emploi. La dégradation de l'emploi devrait persister « plusieurs trimestres », avec des pertes nettes d'emplois salariés dans le privé en 2009 pouvant approcher la dernière prévision de l'assurance chômage (-591 000), a jugé lundi le ministère, qui table désormais sur un recul de 3 % du PIB en 2009.

Faute d’apporter des vraies solutions durables, négociées, socialement justes et acceptables à cette crise, le gouvernement et le patronat doivent s’attendre à une rentrée délicate car la colère sociale est intacte. Et même si on a pu mesurer aux propos récents d’un des huit leaders syndicaux à quel point l’unité est un exercice difficile, il reste une plateforme commune de revendications que le patronat élude et que Nicolas Sarkozy tente toujours de contourner.

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