Alors que l’ancien locataire de l’Elysée en termine avec ses vacances au
soleil, on pourrait se demander ce qu’il reste du sarkozysme. Bien sûr,
il subsiste son bilan, mais au-delà, perdure un style, une éthique
politique, une manière de penser le monde.
En installant Christine
Lagarde en patronne du FMI pour remplacer un DSK quelque peu
« démonétisé », l’ancien président de la République a donné au monde un
phare de la pensée. Ainsi dans un entretien au quotidien britannique The
Guardian, elle a estimé que les Grecs devraient «commencer par
s'entraider collectivement» en payant leurs impôts, se disant moins
préoccupée par leur sort que par celui des enfants d'Afrique.
On remarquera ce style inimitable consistant à opposer des intérêts ou
des populations présumés divergents, les uns parés de vertus, les autres
avilis de leurs turpitudes. Que cette rhétorique politique est pratique
quand il s’agit d’administrer des purges.
C’est tellement indigne que
même la patronne du Medef a pris ses distances avec la patronne du FMI,
estimant sur RTL que de tels propos pouvaient être «dangereux». On
attendrait de ce niveau de responsabilités un peu plus de hauteur de
vue.
En stigmatisant ainsi les Grecs, la patronne du FMI en rajoute une
brouette sur les tombereaux de préjugés déversés depuis plus de trois
ans, à mesure que les différents sommets européens cherchent à imposer
une austérité insupportable. Qu’il faille une réforme fiscale à ce pays
où les plus riches et notamment les armateurs -mais pas que- échappent à
l’impôt semble évident.
Mais qu’on nous bassine à coups de reportages
sur les petits commerçants qui vous encaissent sans vous délivrer un
ticket de caisse, ça frise l’indécence. Car la face cachée de ce pays,
ce sont aussi des cités populaires sinistrées, où les gens vivaient bon
an mal an de leur travail salarié et qui se retrouvent au chômage. Des
villes où la solidarité internationale du Secours Populaire Français et
de Médecins du Monde permet de distribuer de l’alimentation et des
soins, alors que par exemple, la couverture vaccinale des enfants
recule.
C’est une jeunesse qui bien avant que l’on découvre la dette de
ce pays était déjà surnommée « génération 700 euros » tant il y est
impossible de vivre de son travail et de ses diplômes. La manipulation
des clichés permet surtout de faire oublier que la dette de ce pays, ce
sont d’abord les intérêts usuriers que des banques privées prélèvent sur
de l’argent qu’elles ont-elles mêmes emprunté à 1% à la Banque centrale
européenne.
Humilier le peuple grec ne risque pas, c’est sûr, de
provoquer leur débarquement à Marseille pour la rebaptiser Phocée, mais
en revanche, cela risque de provoquer, à Athènes comme ailleurs, une
montée des nationalismes, des petits fascistes locaux.
mercredi 30 mai 2012
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