lundi 9 février 2009


Après la prestation de Sarkozy, 
le patronat empoche 8 milliards de plus.



C’est donc ce lundi que les organisations syndicales de salariés se retrouvent pour analyser la situation à la suite du 29 janvier et l’exceptionnelle mobilisation qui a fait descendre 2,5 millions de personnes dans les rues. La CGT entend aller à cette réunion avec la proposition d’un nouveau rendez-vous de mobilisation nationale interprofessionnelle.

C’est qu’en effet, « ni les propos du président de la République ni ceux de la présidente du Medef ne répondent aux revendications de la déclaration commune du 5 janvier des huit
organisations syndicales. Ils confirment le bien fondé de la mobilisation des salariés et la nécessité de la poursuivre et de l’amplifier », estime la CGT dans un communiqué. 

La prestation télévisuelle savamment orchestrée avec des journalistes triés sur le volet pour servir le potage présidentiel n’a fait que confirmer la poursuite des réformes engagées pour lesquelles Nicolas Sarkozy prétend qu’il est mandaté, en dépit des scrutins électoraux défavorables, des sondages calamiteux et de la mobilisation sociale. 
Face à l’expression des préoccupations sur l’emploi, le président a dû occuper le terrain. Il s’est prononcé pour l’arrêt des délocalisations de l’industrie automobile, mais est resté muet sur les moyens qu’il entend mettre en oeuvre pour y parvenir. Il n’a apporté aucune réponse à la revendication de nouveaux droits collectifs d’intervention des salariés pour s’opposer aux suppressions d’emplois et aux fermetures d’entreprise. 

Pire, la seule décision prise est un nouveau cadeau accordé sans contrepartie aux entreprises : la suppression de la taxe professionnelle, annonciatrice d’un alourdissement de la fiscalité locale, au détriment du pouvoir d’achat des salariés, chômeurs et retraités. 

Au bilan de son intervention, le tableau des scores indique donc 8 milliards au bas mot pour le patronat qui revendiquait encore cette mesure à la veille de l’allocution de Nicolas Sarkozy. Et rien pour les salariés, les chômeurs, les familles. 

Ce qui pourrait être qualifié de points positifs n’est en réalité qu’hypothétique car renvoyé à des discussions ultérieures entre les « partenaires sociaux ». Il en va ainsi des mesures complémentaires en matière de chômage partiel, pour les précaires et pour les jeunes. Il y a un fort risque, si rien ne se passe, que le gouvernement se place en spectateur de discussions interminables entre les syndicats et le patronat comme on l’a vu au sujet de la pénibilité du travail pour laquelle six années de vaines discussions se sont achevées en 2008. 

Nulle sur le fond des réponses apportées, la prestation de Nicolas Sarkozy n’en demeure pas moins un exceptionnel numéro de bateleur - voire de menteur quand on l’interroge sur Gandrange. Comment ne pas lui reconnaître un talent d’escamoteur lorsqu’il s’en prend au partage de la richesse entre actionnaires et salariés en sommant les partenaires sociaux de se mettre autour de la table pour en discuter. 
Gageons que ce sera-là un nouveau prétexte pour relancer l’actionnariat salarié et l’épargne. Car si la présidente du Medef ne s’est pas étranglée mais réjouie, c’est bien qu’elle a déjà l’assurance que les profits continueront bien d’être privatisés et que les pertes seront toujours mutualisées.

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