Rarement l’argent public n’aura été aussi disponible pour les groupes privés. Rarement les suppressions d’emploi auront été aussi massives. Le géant américain General Motors, qui a reçu 9,4 milliards depuis la fin 2008, a ouvert, le 12 février, un « guichet de départs volontaires » à destination de ses 62 000 salariés syndiqués, qui bénéficient de prestations sociales solides et dont la direction veut se débarrasser. Quelques jours auparavant, il avait annoncé la suppression de 10 000 emplois de « cols blancs » dans ses usines du monde entier. Bénéficiaires des deniers de l’Etat, Ford et Chrysler prévoient également des réductions d’effectifs.
En France, les deux groupes Renault et Peugeot–Citroën vont recevoir trois milliards d’euros chacun. Il s’agit, nous dit-on, d’un prêt. On peut se demander, alors, à quoi servent les banques auxquelles le pouvoir a déjà octroyé 360 milliards d’euros pour garantir les prêts qu’elles sont censées accorder aux entreprises nationales… Pendant plusieurs jours, le gouvernement a tenu le public en haleine pour savoir quelles seraient les contreparties sociales réclamées aux fabricants automobiles. Et d’annoncer, triomphant, le fruit de ses dures tractations avec le patronat : interdiction de délocaliser (Renault fabrique déjà à l’étranger 40 % de ses voitures vendues en France) et interdiction de « mettre en œuvre un plan de licenciement en France ». Interdiction entendue par Peugeot qui a annoncé… « un plan social » de 6 000 suppressions d’emploi (départs volontaires, préretraites…). Ce qui, on en conviendra, change tout. Commentaire de Bercy : « Peugeot a une communication un peu maladroite. » Une politique cynique surtout, à l’image de celle du gouvernement. Rappelons qu’entre 2000 et 2007 près de 20 000 emplois ont été supprimés chez les constructeurs et 14 000 chez les équipementiers.
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