jeudi 28 mai 2009


L'intersyndicale presse gouvernement et patronat d'engager des négociations "sur les sujets prioritaires les plus urgents", à l'issue d'une journée marquée par des initiatives locales, mais sans mobilisation massive

D'un "barbecue de lutte" à Amiens à une remise de prix des "pires dérives patronales" à La Défense, en passant par de multiples rassemblements, la journée d'action intersyndicale d'hier a donné lieu à une foule d'initiatives locales, mais sans mobilisation massive. Dans les trois fonctions publiques, le taux global de participation au mouvement de grève était de 3,5 % en fin d'après-midi, alors qu'il était de 21,1 % le 19 mars, selon les estimations du ministère. Les huit organisations syndicales - CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA - qui avaient appelé à cette mobilisation, ne prévoient toutefois pas de baisser pavillon et espèrent que le privé et le public se mobiliseront massivement le samedi 13 juin, date prévue pour la prochaine journée d'action. Elles insistent aussi sur l'importance de continuer à porter leurs revendications après cette date, alors que les conséquences de la crise pourraient, selon elles, encore s'aggraver durant l'été.

Dans cette optique, les syndicats ont réaffirmé et précisé leur plateforme commune de revendications élaborée en janvier, adressée au patronat et au gouvernement, selon une déclaration commune diffusée lundi soir. Ce document "essaie de cibler les mesures les plus urgentes pour les salariés les plus touchés par la crise", a indiqué hier M. Marcel GRIGNARD (CFDT). "L'ampleur des mobilisations du 29 janvier, 19 mars, 1er mai ont permis d'obtenir des débuts de résultats. Ceux-ci sont très insuffisants, au regard des revendications exprimées le 5 janvier 2009, et alors que la crise continue de s'aggraver", notent CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA en préambule de leur texte. "Patronat et gouvernement doivent engager négociations et concertation sur les sujets prioritaires les plus urgents", poursuivent-ils, demandant que le "social" soit "au centre de la politique économique" gouvernementale. "L'amélioration du pouvoir d'achat des salariés en faveur de la relance par la consommation, des politiques industrielles et économiques en faveur d'un développement durable et coordonné au niveau européen sont autant de moyens pour répondre immédiatement et structurellement à la crise", jugent les huit organisations.

Parmi les demandes au gouvernement figurent la revalorisation du SMIC, des minima sociaux, des pensions et des retraites, les idées de conditionner "toute aide publique, tout allègement de cotisations sociales à des contreparties mesurables en matière d'emploi, de qualification et de rémunération", de "prolonger l'indemnisation des demandeurs d'emploi en fin de droit", de "supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires et le bouclier fiscal" afin de dégager des moyens pour financer les mesures sociales et de "renoncer dans les fonctions publiques aux suppressions d'emplois prévues pour 2009 et 2010". "Le gouvernement doit renoncer à l'extension du travail du dimanche, garantir à l'hôpital public les moyens de ses missions", estiment-ils également.

Pas d'intersyndicale sur "l'Agenda social"

Au patronat, les syndicats réclament des négociations notamment sur "les politiques de salaires, les politiques industrielles, l'évolution de l'emploi", "un accès facilité pour tous au chômage partiel", "la répartition et la redistribution des richesses produites dans les entreprises", "les mesures favorables à l'emploi des jeunes". Alors que les partenaires sociaux prévoient de se retrouver aujourd'hui pour une première réunion consacrée à l'"Agenda social" 2009, M. GRIGNARD a indiqué que la CFDT mettrait "l'accent sur la crise", à savoir ce qui a trait à l'emploi dans le secteur privé, la répartition des riches, et les instances de représentation du personnel", dont les pouvoirs devraient être, selon lui, renforcés. "Il n'y a pas d'intersyndicale sur l'agenda social", a expliqué Mme Michèle BIAGGI (FO), dont l'organisation compte insister sur "la relance par le pouvoir d'achat et la relance économique par la consommation". "Nous allons être porteurs de sujets de négociations qui répondent aux préoccupations des salariés", a prévenu Mme Maryse DUMAS (CGT), rappelant que sa confédération milite toujours pour la mise en place d'une "sécurité sociale professionnelle pour tous les salariés". "Maintenir le plus possible en emploi tous les salariés, parler de tout ce qui touche au pouvoir d'achat, donner plus de pouvoir aux représentants du personnel" seront nos principales revendications, a expliqué Mme Gabrielle SIMON (CFTC). Même si leur approche de l'agenda social diffère, les organisations syndicales jugent important de rester "unies" pour "faire vivre leurs revendications communes au-delà de l'été", a précisé M. Gérard BRUNHES (CFE-CGC).

Appel au respect du dialogue social

M. GRIGNARD a par ailleurs déclaré que "le gouvernement et les parlementaires seraient bien inspirés de respecter les partenaires sociaux", de faire en sorte que "le dialogue social" soit respecté, en référence, notamment, à la proposition de loi de M. Jean-Frédéric POISSON, député (UMP) des Yvelines, et de plusieurs de ses collègues, pour "faciliter le maintien et la création d'emplois". Ce texte, dont l'examen doit reprendre aujourd'hui, vise entres autres à organiser le prêt de main-d'œuvre et les groupements d'employeurs. Mais pour la CFDT, tout comme pour FO, il est "inconcevable" que ces deux thèmes ne passent pas par "un encadrement social". Interrogés sur un amendement du député et porte-parole de l'UMP Frédéric LEFEBVRE visant à permettre aux salariés, via le télétravail, de poursuivre leur activité professionnelle pendant leur congé maladie ou maternité, rejeté lundi soir par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, les syndicats ont estimé qu'il s'agit de "poil à gratter, destiné à ne pas parler des choses sérieuses" (FO). La CGT, qui évoque aussi une "diversion", relève toutefois "une continuité idéologique" consistant à "vouloir faire travailler toujours plus ceux qui ont un travail". Aussi la CFTC appelle-t-elle à la vigilance : "il y a une volonté d'abolir les liens entre les salariés et les entreprises" ce qui, "à terme, conduirait à une suppression de la responsabilité sociale des entreprises" et à "l'intermittence pour tous", prévient Mme SIMON.

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