7 juin, 13 juin, des dates décisives pour nos revendications
Si prompts d’habitude à pinailler sur le nombre de manifestants, les « spécialistes » se sont bien gardés la semaine dernière de pronostiquer leur tête sur le billot une extinction de la colère sociale qui s’exprime dans l’unité depuis octobre dernier, après la journée d’action du 26 mai.
Celle-ci a effectivement été marquée par un foisonnement de mobilisations et d’initiatives décentralisées. Ce qui était en jeu n’était donc pas de se compter, mais de jauger la profondeur et l’ancrage professionnel, territorial des revendications.
De ce point de vue, ni le gouvernement, ni le Medef ne peuvent s’estimer à l’abri. D’autant moins que la colère et la désespérance sociale s’annoncent comme un élément déterminant dans la configuration du scrutin européen de dimanche pour lequel on prédit un record d’abstention. Les dernières élections européennes ont connu une abstention de 57 % des inscrits et ce chiffre risque d’être dépassé dimanche. Pourtant c’est bien le moment là aussi d’exprimer un choix politique décisif du point de vue social. À l’occasion sa Commission exécutive, le 28 avril dernier la CGT a souligné que « face à la Commission Européenne et au Conseil de l’Union Européenne, le Parlement est une instance décisive. C’est lui qui, sous la pression des mobilisations syndicales d’Europe, a porté un coup à la directive Bolkestein sur les services, à la dérégulation du travail dans les ports et à la remise en cause de la directive sur le temps de travail ». Dès lors, ne pas voter revient à laisser s’exprimer les seuls lobbys libéraux.
La CGT estime à l’inverse que précisément en cette période de crise, l’Europe doit permettre de renforcer les garanties sociales afin notamment d’éviter tout dumping social. La CGT avec la CES « demande que soit adopté un protocole de progrès social pour que les droits fondamentaux des travailleurs priment sur « les libertés économiques » et sur la libre concurrence. Les salariés ont besoin d’une Europe démocratique, sociale, solidaire s’affirmant comme moyen de régulation et de réorientation de la mondialisation, une Europe prenant en compte les objectifs de développement durable, d’emplois décents pour tous, de développement des services publics de qualité ».
Il y a des années que la CGT a fait le choix décisif de ne plus donner de consigne de vote et de marquer son indépendance. Elle ne se désintéresse pour autant pas de la « chose politique » au moment où les salariés, les citoyens doivent se prononcer. Elle est avec les autres forces sociales du pays et avec le rang de première organisation syndicale la principale animatrice des luttes sociales. Ces mobilisations doivent encore grandir, notamment à l’occasion de la journée unitaire du samedi 13 juin. L’objectif n’est pas d’afficher des scores de mobilisation, mais d’obtenir par la puissance, l’unité et la détermination une traduction politique favorable aux salariés. La CGT les appelle donc à voter pour des représentants à même de défendre les objectifs de progrès social au Parlement Européen. Qu’on ne s’y trompe pas, le Medef a ses propres relais, sa propre organisation patronale, l'Union des Confédérations de l'Industrie et des Employeurs d'Europe. S’abstenir, c’est courir le risque que seul Ernest Antoine Sellière et Laurence Parisot puissent se faire entendre.
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