lundi 20 juillet 2009


La radicalisation des conflits sociaux inquiète la majorité

Sur le terrain, les députés UMP redoutent que le « chantage à la bonbonne de gaz » ne fasse tache d'huile dans les entreprises. Et ils tablent déjà une rentrée sociale « tendue ».

Ils s'étaient alarmés, cet hiver, de la dégradation du climat social. Ils avaient été troublés, au printemps, par les « séquestrations » de patrons. En ce début d'été, le « chantage à la bonbonne de gaz » ravive encore l'inquiétude des élus de la majorité, qui y voient une nouvelle étape de franchie dans la radicalisation des conflits sociaux. Et qui, surtout, redoutent que le mouvement ne se propage, les salariés de JLG-France dans le Lot-et-Garonne ayant obtenu gain de cause.

« C'est catastrophique. Il faut être vigilant à ne pas encourager la délinquance », tempête Arlette Grosskost, la députée UMP du Haut-Rhin, qui dit voir « les prémices » d'une crise sociale« véritable », presque « insurrectionnelle ». « On a l'impression que les syndicats ne contrôlent plus des salariés dont l'angoisse est au summum », soupire l'ex-chef d'entreprise Laure de La Raudière, élue d'Eure-et-Loir. « C'est un peu la jungle », s'émeut Jean-Sébastien Vialatte (Var).

Privilégier le chômage partiel
Les parlementaires du mouvement populaire sont en fait partagés entre la crainte d'une propagation des actions radicales et la volonté de montrer qu'ils comprennent l'« exaspération » des salariés qui bataillent pour leurs indemnités de licenciement. « Nous avons le devoir de les écouter. Quand vous n'avez pas de perspectives, il y a de quoi désespérer. Les parachutes, mêmes non dorés, n'existent pas pour ces gens-là », insiste Michel Piron (Maine-et-Loire), appelant à privilégier le chômage partiel sur le chômage total. « Il y a des directions qui jouent le pourrissement. Il faut aussi le dénoncer », précise Jean-Paul Anciaux (Saône-et-Loire). Quant à Marie-Anne Montchamp (Val-de-Marne), elle estime que « s'étonner devant ces mouvements violents, c'est de la fausse naïveté : il faut revoir le dialogue social, explique-t-elle, pour que les salariés soient informés de la situation de leur entreprise et que les négociations ne soient pas engagées quand tout est, en réalité, décidé ».

Un mois de septembre difficile
S'ils approuvent la stratégie du gouvernement, qui s'applique à ne pas jeter d'huile sur le feu et à monter au créneau pour « déminer »les dossiers, les députés UMP ne sont guère optimistes pour l'avenir. « Ca fera forcément tache d'huile. Dans une famille, quand on donne une part de gâteau supplémentaire à un enfant qui hurle plus fort que les autres, ça incite les autres à faire pareil », relève l'ancien syndicaliste Michel Raison (Haute-Saône). Beaucoup tablent sur un mois de septembre difficile. C'est le cas d'Eric Raoult. Le député-maire du Raincy (Seine-Saint-Denis) « essaie au maximum » de se préparer à « la vague de jeunes »qui va arriver sur le marché du travail. « Une telle exaspération fin juillet, c'est annonciateur d'une rentrée chaude et tendue. »

PIERRE-ALAIN FURBURY

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