mardi 14 juin 2011

Prend l'oseille et tire toi


La révélation par la CGT d’une note interne de la direction de Peugeot prévoyant de fermer « courant 2014 » Aulnay, qui produit la C3, véhicule le plus vendu de la gamme Citroën, et dès 2013 Sevelnord, qui fabrique des monospaces et des utilitaires près de Valenciennes a propulsé la question de la casse industrielle au devant de la scène.

Cette affaire est grave et emblématique à plus d’un titre.

D’abord parce que ces deux sites emploient quelques 6 200 personnes et que l’on peut imaginer les dégâts et les gâchis sociaux qui s’en suivront. Emblématique aussi parce que PSA est un poids lourd du CAC 40 dont le principal dirigeant faisait savoir il y a quelques jours qu’il avait encore largement augmenté sa rémunération. PSA n’est pas en difficultés, loin de là et l’objectif de ces délocalisations en gestation, n’est autre que d’augmenter les bénéfices.

Comme Renault, le groupe instrumentalise la crise pour accélérer ses restructurations et par là même il l’aggrave et obère les chances de reprise de l’activité économique de notre pays, assise sur un potentiel industriel. Cette affaire et les réactions qui sont suivi du côté de Bercy illustrent, hélas, l’incapacité, mais surtout l’absence de volonté politique en matière industrielle de ce gouvernement. L’entretien en urgence du dirigeant de PSA avec le ministre Eric Besson n’a levé aucune des inquiétudes.

On connaît hélas trop bien ce scénario convenu où de grands patrons viennent se faire gentiment tancer par un exécutif impuissant. En général, cela se termine par des déclarations d’une bouleversante sincérité du côté gouvernemental et par un déni total du côté patronal. C’est oublier que le document de PSA, daté du 23 août 2010, situe « la fenêtre d’annonce possible, dans le calendrier électoral français, au 2ème semestre 2012 », soit après l’élection présidentielle.

Comme à chaque fois, le débat est relancé sur la légitimité ou la capacité des pouvoirs publics à piloter la politique industrielle. Mais il ne faudrait pas oublier que ces même constructeurs ont bénéficié de six milliards d’euros d’aide au plus fort de la crise qu’ils ont certes remboursés, mais peuvent-ils s’en trouver désormais totalement libres de jeter des milliers de salariés à la rue ?
Il ne faudrait pas oublier que ces poids lourds du CAC 40 ne paient guère plus de 8 % d’impôt sur les sociétés en moyenne et qu’ils bénéficient de tous les dispositifs d’allègement fiscaux et sociaux empilés et cumulés.

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