18 février : une grand’messe de plus ?
Dans un entretien publié mardi dernier dans Le Figaro, le secrétaire d'État à l'Emploi se demande si les syndicats ne mettent pas « la charrue avant les boeufs » en annonçant une nouvelle mobilisation le 19 mars, avant même leur rencontre avec Nicolas Sarkozy.
Après avoir accusé les syndicats de faire tanguer le bateau au plus fort de la tempête, le gouvernement tente de les suspecter de faire un procès d’intentions à l’exécutif. Mais il faudrait être bien naïf pour escompter de cette grand messe élyséenne, des mesures en rapport avec la plateforme revendicative des huit organisations syndicales.
On peut parier sans se tromper beaucoup que Nicolas Sarkozy va tenter de gagner du temps en ouvrant ou en faisant ouvrir avec le patronat des rounds de négociations sur des sujets sociaux. Mais on connaît la méthode. C’est celle qui a été employée pour faire passer d’inacceptables mesures de réforme des retraites, moyennant l’ouverture de négociations sur la reconnaissance de la pénibilité. Résultat : six années de palabres.
« Partager les profits différemment, c'est pour tenter d'échapper à la revendication sur les salaires » assurait Bernard Thibault vendredi dernier. Tous les syndicats à leur manière disent qu'il faut rediscuter les salaires, c'est le vrai sujet à débattre. « Le président est obligé d'entendre que ça ne va pas sur le pouvoir d'achat, mais il suggère de nouer une discussion sur un axe qui n'est pas le bon », a estimé le secrétaire général de la CGT.
Celui qui compte pour financer la retraite, l’assurance maladie.
Le fait de vouloir aborder tous les sujets « sans tabou » n’a jamais signifié que le gouvernement allait céder quoi que ce soit, ni faire plier le Medef. Bien au contraire. Seul le patronat sort gagnant du discours du président avec un rabais de 8 milliards d’euros de taxe professionnelle.
Auquel, d’ailleurs il faudra peut-être dans quelques mois, ajouter 30 milliards d’euros d’exonération de la cotisation patronale aux allocations familiales évoquée cette semaine par le président à l’occasion d’une remise de médaille de la famille.
On peut parier sans se tromper beaucoup que Nicolas Sarkozy va tenter de gagner du temps en ouvrant ou en faisant ouvrir avec le patronat des rounds de négociations sur des sujets sociaux. Mais on connaît la méthode. C’est celle qui a été employée pour faire passer d’inacceptables mesures de réforme des retraites, moyennant l’ouverture de négociations sur la reconnaissance de la pénibilité. Résultat : six années de palabres.
Un Medef qui freine des quatre fers. Un gouvernement oublieux et pas pressé pour le coup d’intervenir. Il y a de fortes chances aussi que sur la question du partage des profits le président tente d’enfumer son monde.
« Partager les profits différemment, c'est pour tenter d'échapper à la revendication sur les salaires » assurait Bernard Thibault vendredi dernier. Tous les syndicats à leur manière disent qu'il faut rediscuter les salaires, c'est le vrai sujet à débattre. « Le président est obligé d'entendre que ça ne va pas sur le pouvoir d'achat, mais il suggère de nouer une discussion sur un axe qui n'est pas le bon », a estimé le secrétaire général de la CGT.
La tentation est en effet grande de remettre un coup d’accélérateur sur l’actionnariat salarié, l’intéressement et la participation.
Ce coup-là, on nous le fait depuis le général de Gaulle. Et on ferait bien de regarder ce qui se passe pour le salariés de Renault dont les revenus vont stagner cette année en raison d’un intéressement quasi nul et qui vont perdre d’ores et déjà l’équivalent d’un mois et demi de salaire.
Le seul partage des richesses qui vaille, c’est le salaire brut.
Celui qui compte pour financer la retraite, l’assurance maladie.
Celui qui donne un net à payer. De sa trop faible progression, le patronat tire le carburant de la spéculation financière qui nous a mis dans le mur. Alors, si l’on veut rompre avec cette spirale, il faut revaloriser les salaires, reconnaître les qualification et les responsabilités. Afin de donner le coup de rein nécessaire d’une relance par la consommation.
C’est sûr, au soir de la rencontre du 18 février, le président sera jugé sur les réponses apportées à cette question des salaires et sur leur crédibilité. Pas sur le nombre de dossiers qu’il aura mis « sur la table », « sans tabous », comme il se plaît à le marteler avec de moins en moins de succès si l’on en juge les sondages d’opinion calamiteux.
Ce n’est pas faire un procès d’intention au président Sarkozy que de mettre en doute l’intérêt de cette rencontre du 18 février. Il a donné le ton lors d’une interminable pseudo interview « face à la crise ». La mobilisation du 19 mars est sur les rails. Elle est déjà un succès d’estime puisque 75% des Français comprennent les inquiétudes et les mécontentements de ceux qui manifestent et 60 % souhaitent que Nicolas Sarkozy réoriente son action en fonction des demandes des syndicats.
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