lundi 30 mai 2011

Foire aux diplômes à Pôle emploi



En ce jeudi matin 26 mai, ils étaient environ 500 massés devant la porte de l’agence Pôle emploi du boulevard du Montparnasse attendant d’être reçus par des inspecteurs d’académie chargés de leur faire passer un entretien.

500 hommes et femmes, diplômés, sans boulot, et aussi quelques caméras de télévision et des journalistes attirés par le « bon coup » réalisé par le ministère de l’Éducation nationale et le rectorat de Paris. De fait, il y avait bien un petit événement dans cette file d’attente semblable à toutes les autres.
C’est en effet la première fois, à cette échelle du moins, que l’Éducation nationale recrute ses professeurs remplaçants en passant par le service public de l’Emploi. Le but étant selon l’Académie de Paris de « constituer un vivier » de profs remplaçants pour être plus réactifs.

Et compte tenu de la crise qui n’épargne pas les jeunes diplômés, Pôle emploi a donc été pris d’assaut par ces candidats à l’ultraprécarité. La plupart n’ont pu, du coup, que déposer leur dossier pour être re-convoqués et n’ont pu au mieux qu’être reçus à la va-vite.

Cette opération est écœurante à plus d’un titre. Elle intervient en effet alors que le ministre Luc Chatel ne cesse de claironner qu’il y a trop d’enseignants et qu’il va en supprimer 16 000 à la rentrée prochaine. C’est une manœuvre d’autant plus écœurante qu’elle tend à banaliser l’acte d’enseigner en déqualifiant le face-à-face pédagogique.

Après avoir réduit dans les discours les besoins éducatifs aux seuls enseignements du « lire, écrire, compter », on veut affecter un bataillon de doublures inexpérimentées pour des missions de remplacement. Il y a derrière cette interchangeabilité une volonté de nier les compétences et la formation indispensables pour enseigner.

« En cas de besoin, à la rentrée, les remplaçants de professeurs seront contactés pour des contrats de deux, trois, six mois, peut-être un an, et on souhaite de manière systématique qu’il y ait une première formation de deux-trois jours », s’est défendu le responsable des ressources humaines à l’Académie de Paris. Cette négation complète de la portée pédagogique de leur mission de professeur remplaçant signe hélas la vision que ce gouvernement et sa majorité développent pour le service public de l’Éducation.

Évidemment, on peut aussi imaginer dans quelles conditions vont être recrutés ces chômeurs diplômés obligés par la loi sur l’offre valable d’emploi de prendre au pied levé n’importe quel poste.

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