dimanche 9 novembre 2008
2007, année pourrie pour les plus démunis
Sortir son Coluche est d’actualité, ne nous en privons pas : «Misère c’est toujours sur les pauvres gens que tu t’abats», et c’est l’Insee qui le dit. En 2007, les plus défavorisés n’ont pas été gâtés par la réforme des impôts voulue par Sarkozy. Ils ont aussi été tout particulièrement touchés par l’inflation. Chaque année, l’Institut national de la statistique tire le portrait social de la France. Voici le cru 2008.
La réforme des impôts a aggravé les inégalités.
Les ménages qui ont le plus bénéficié de la réforme de 2007 (intégration de l’abattement de 20 % au barème et passage de 6 à 4 tranches) étaient déjà les plus aisés. «La réforme de l’impôt a atténué son pouvoir redistributif», écrit l’Insee : ainsi, en 2007, l’impôt sur le revenu a contribué pour 26 % à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2007. Sans la réforme, sa contribution aurait été de 2 points de plus. Plus anecdotique, les plus aisés sont aussi avantagés par les incitations du plan Borloo à recourir aux services à domicile (lire ci-dessous). Les 10 % les plus aisés des Français touchent les trois quart de la réduction d’impôt.
Les prix, eux aussi, creusent les injustices.
L’inflation n’est pas la même pour tout le monde. Entre juin 2007 et juin 2008, et c’est une vraie nouveauté selon l’Insee, les ménages l’ont vécu de manière très différente en fonction de leur revenus comme de leur lieu d’habitation : l’inflation a été de 3,75 % pour les 10 % des ménages les plus pauvres contre 2,81 % des 10 % des ménages les plus aisés. Notamment parce que les premiers consacrent une part proportionnellement plus importante de leur budget à l’alimentation et au carburant, les deux postes les plus inflationnistes. Les ruraux en ont été bien plus victimes que les urbains : normal, ils sont plus dépendants de leur voiture. Ajoutons que la «dépense logement» annuelle dans le budget des ménages a fortement augmenté entre 2002 et 2006 : 4,1 % en plus pour les accédants, 3,1 %, pour les locataires du secteur libre (2,5 % pour le secteur social).
Des morts précoces plus courantes chez les ouvriers, les temps partiels…
L’observation porte sur des personnes nées entre 1940 et 1945 : 6,7 % des hommes qui étaient cadres ou chefs d’entreprise à 36 ans sont décédés avant 60 ans contre 14,3 % des employés et ouvriers non qualifiés ; 5,5 % des ingénieurs, contre 21,3 % des agents de surveillance. Et les ouvriers et employés qui n’ont pas de contrat à temps complet ont 1,32 fois plus de risques de décès prématurés.
Et le bonheur dans tout ça ?
L’Insee a dressé cette année une courbe du bonheur tout au long de la vie. Où l’on apprend que les Français de moins de 35 ans sont plus heureux que les quadras. Et que le nirvana est atteint entre 65 et 70 ans. Comme quoi «le bonheur n’est pas essentiellement une affaire de revenus», nous dit l’Insee. Dommage que certains ouvriers n’aient pas la chance d’y accéder.
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