Le gouvernement vient de
rendre public son projet de loi de réforme des retraites. Il tente de montrer
sa réforme des retraites sous un jour avantageux. Pourtant ce projet s’inscrit
dans le prolongement des réformes précédentes. Cela va augmenter les
difficultés de vie pour la grande majorité des retraités actuels et futurs.
Pourtant d’autres choix sont possibles. La CGT a présenté des propositions de
bon sens, justes et efficaces telles l’ouverture du droit à 60 ans et des
montants de pensions au moins équivalants à 75 % des salaires. Il y a bien dans
le projet du gouvernement un certain nombre de mesures qui pourraient être
considérées comme positives, demandées d’ailleurs par la CGT, mais celles-ci
sont bien trop modestes.
Si le projet actuel n’est plus
tout-à-fait ce qui avait été annoncé dans un premier temps, c’est
principalement grâce au rapport de force créé par l’annonce des mobilisations
de la rentrée. Ces évolutions témoignent que rien n’est joué et que nous
pouvons par la mobilisation imposer une réforme s’inscrivant dans le sens du
progrès social.
L’allongement de la durée de
cotisation : la bombe à retardement
Depuis 1993, la durée de
cotisation est passée de 150 à 166 trimestres pour l’obtention d’une retraite à
taux plein. L’impact de cet allongement est encore modéré. Notamment pour les
hommes qui jusqu’à présent avaient souvent des carrières entamées très tôt, et
des durées nettement supérieures à 160 trimestres. Mais nous n’en sommes plus
là.
Vont maintenant atteindre
l’âge de la retraite des générations qui ont commencé à travailler plus tard,
du fait d’études plus longues et de l’accroissement de la précarité. Ces
générations n’obtiendront plus le taux plein à l’âge d’ouverture des droits (62
ans). La décote va donc abaisser le niveau de leur pension (-5 %
pour une année
manquante).
Rappelons que la durée moyenne
d’activité sur une vie est à ce jour de l’ordre de 35 années, soit 140
trimestres.
Une augmentation des
cotisations payées par les actifs et les retraités, pas par les employeurs.
Le gouvernement a annoncé une
hausse de cotisations de 0,3 point pour les salariés et de 0,3 point pour les
employeurs. Dans le même temps, il prévoit de réduire la « cotisation
patronale » famille (actuellement de
35 md) portée par les employeurs (autrement dit, ça ne leur coûtera pas un
euro). De plus, on va demander aux salariés de cotiser plus pour moins de
droits, du fait de l’allongement de la durée de cotisation, et dans un contexte
marqué par une stagnation, voire une régression
salariale. C’est inacceptable.
Tous les salariés seront
concernés
Le gouvernement a clairement
indiqué que tous les régimes seraient concernés. C’est assurément le cas pour
l’augmentation des cotisations, le report de la revalorisation des pensions au
1er octobre ou bien encore la fiscalisation de la majoration de 10 %
pour 3 enfants et plus.
C’est également le cas pour la
mesure phare de la réforme, l’allongement
de la durée de cotisation.
Les femmes en première ligne
Les femmes sont déjà désavantagées par l’allongement de la durée de cotisation,
leur durée de carrière se situe encore à un niveau inférieur à celle des
hommes. Elles continueront à subir plus fortement une
application massive de la
décote et donc un abaissement important de leur niveau de retraite déjà bien
modeste du fait des carrières morcelées et de salaires inférieurs à ceux des
hommes.
Les jeunes sacrifiés
Ils accèdent beaucoup plus
tard que leurs aînés à un premier emploi et on leur annonce qu’ils devront
totaliser une durée beaucoup plus importante que celle qui était demandée aux
générations précédentes (43 ans pour les salariés nés après 1973). Une seule
mesure positive est proposée : une meilleure reconnaissance de l’apprentissage
et des formations en alternance. Quant à l’aide au rachat de trimestres, cette
mesure est illusoire du fait du coût prohibitif. Cette possibilité de
rachat existe déjà. Elle est
très peu utilisée parce qu’elle est chère et que les jeunes qui sortent des
études ont de plus en plus souvent à rembourser leur coût et ont d’autres
priorités. C’est la raison pour laquelle, la CGT avec les organisations de
jeunesse milite pour la validation des années d’études.
Les retraités ne sont pas en
reste
Le gouvernement annonce que la
revalorisation des pensions interviendra au 1er octobre au lieu du 1er avril.
Cette mesure aurait un impact très négatif sur le pouvoir d’achat des retraités
et donc sur l’économie du pays.
L’esprit de la proposition
gouvernementale va dans le bon sens, avec une prise en compte des expositions à
différents critères de pénibilité.
Néanmoins, les droits qui
seraient ouverts dans ce cadre sont totalement insuffisants puisqu’ils ne
permettraient, dans le meilleur des cas, qu’un départ à 60 ans, âge auquel on
partait normalement avant la dernière réforme. Pour les salariés qui ont d’ores
et déjà dépassé la cinquantaine, le niveau des dispositions est même carrément
indécent puisque pour eux, il s’agirait de gagner au maximum… 2 trimestres.
Tout cela nous donne de bonnes
raisons d’être mobilisés.
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