Invoquant le déficit des régimes complémentaires Arrco et Agirc, le patronat tente d'imposer une baisse drastique du pouvoir d'achat des pensions. La première séance de négociations s'est tenue jeudi.
Qu'il
s'agisse de quémander des aides publiques ou d'imposer des sacrifices aux
salariés, le Medef ne fait décidément pas dans la demi-mesure. Résolu à
remettre en question l'ensemble des acquis sociaux, comme il le montre dans la
négociation sur la « sécurisation de l'emploi », il jette maintenant son dévolu
sur les retraites. L'occasion lui est offerte par la dégradation des comptes
des régimes complémentaires Arrco et Agirc, confrontés à la fois à une hausse
du nombre de retraités et à une baisse de leurs ressources entraînée par
l'aggravation du chômage.
Les « remèdes
» du Medef
Estimant,
selon toute vraisemblance, bénéficier d'un rapport de forces favorable, le
patronat a donc décidé de tenter d'imposer ses « remèdes », sans même attendre
la concertation prévue par le gouvernement début 2013 sur l'ensemble du système
de retraite. Jeudi dernier, lors d'une première séance de négociations, ses
représentants ont affiché la couleur en déclarant qu'« une grande partie de
l'effort doit porter sur les prestations » et en écartant, de fait, toute
mesure pour augmenter les ressources des régimes. La principale de leurs
propositions, qualifiées par le chef de leur délégation, Jean-François
Pilliard, de « peu plaisantes » : un gel des pensions pendant trois ans, ou
leur sous-indexation, d'un point au-dessous de l'inflation, pendant cinq ans.
Dans les deux cas, cela signifierait une perte de pouvoir d'achat d'environ 6
%.
La cgt claque
la porte
Mais le
patronat envisage aussi de frapper plus fort en réclamant un abattement de 10 %
sur les pensions complémentaires versées aux salariés n'ayant pas atteint l'âge
du taux plein dans le régime général (soit entre soixante-cinq et soixante-sept
ans, selon les générations). également au menu des réjouissances : un
durcissement des conditions d'accès à la pension de réversion : l'âge y ouvrant
droit serait porté à soixante ans pour tous, au lieu de cinquante-cinq ans
actuellement à l'Arrco, et le taux serait diminué de 60 % à 54 % (de la pension
du défunt).
Si l'ensemble
des syndicats se sont montrés critiques envers ces propositions, seule la CGT a
refusé d'« engager les discussions sur ces bases ». Après avoir demandé, en
vain, que la séance soit suspendue, le temps pour elle de consulter ses
instances, la délégation cégétiste a claqué la porte. « Aller négocier sur la
base d'un discours patronal disant : il n'y a pas le choix, c'est reculs ou reculs
, c'est un peu compliqué ! », confie son chef de file, éric Aubin. Les autres
syndicats, s'ils ont rejeté l'abattement de 10 %, ont accepté le principe d'«
efforts » à faire par les assurés, mettant l'accent, à l'image du représentant
de FO, sur une « répartition sur les trois familles, salariés, pensionnés,
employeurs ». Pour la CGT, « il apparaît très clairement que seule la
mobilisation des salariés et des retraités permettra d'engager les discussions
sur de toutes autres bases, plus conformes à leurs intérêts ».
Yves
Housson
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