lundi 18 mai 2009



Salaires : il faut négocier !


Par les temps qui courent la tentation est forte pour les entreprises de faire payer la crise aux salariés. Bien entendu en profitant de la situation réelle ou fictive pour restructurer, mais aussi d’une manière pernicieuse pour remettre en question un peu plus, le paiement de la qualification et le temps de travail.


On l’a vu avec l’accord chez Renault, signé par toutes les organisations syndicales sauf la CGT, qui supprime 8 jours de RTT aux cadres pour financer l’amélioration de l’indemnisation du chômage technique des ouvriers et employés. On l’a vu encore avec la réduction de l’indemnisation de stage des élèves ingénieurs d’Arcelor Mittal à Fos et voilà que le loueur de voitures Hertz demande à ses cadres de renoncer, sur la base du volontariat, à au moins 5 % de leur salaire brut pendant trois mois par « effort de solidarité » pour « préserver au maximum les emplois » dans le contexte de crise. Cette mesure a été demandée à environ 150 personnes et 67 % d'entre elles auraient accepté. Mais pour Hervé Garnaud, délégué central CGT chez Hertz, il ne fait pas de doute que « ceux qui ont dit oui l'ont fait par peur de représailles, ceux qui ont dit non sont surtout en région, plus loin de la pression du siège ». Ce don a été demandé par la direction américaine de la compagnie qui l’applique aux États-Unis à l’ensemble de ses salariés. Mais la direction du groupe américain Hertz, détenu par un groupe de trois fonds d'investissement américains, a-t-elle demandé le même effort aux hedge funds et aux actionnaires ?

Encore une fois, sous couvert de bons sentiments et de solidarité, les actionnaires sont épargnés. Ce qui nous renvoie à une autre actualité, celle du rapport Cotis, sur le partage de la valeur ajoutée dans notre pays. Commandé par Nicolas Sarkozy en réponse à la puissance de la mobilisation sociale, ce travail statistique important n’en est pas pour autant un « diagnostic partagé » et il a laissé pour le moins sceptiques les organisations syndicales qui ont flairé le piège dans lequel tente de les mener l’exécutif : discuter de l’intéressement et de la participation pour ne pas parler des salaires.

Pour la CGT, la France connaît un niveau historiquement bas de la part des salaires dans la valeur ajoutée qui représente 60 milliards d’euros par an en défaveur des salariés si l’on se réfère à la répartition de la valeur ajoutée dans les années 60 (voire 160 milliards si l’on prend 1983 comme référence). De même, la CGT dénonce « une forte croissance des profits distribués qui n’a permis ni une relance de l’investissement productif, ni un accroissement du taux d’emploi ». Elle évoque « l’explosion des plus hautes rémunérations avec pour contrepartie la précarité et une smicardisation pour une majorité de salariés. A l’opposé de ce qui est en train de se faire sur le dos de la crise, il faut relancer la négociation salariale et conditionner les aides aux entreprises à la conclusion d’accords salariaux. Il faut aussi lutter contre la précarisation des emplois et pour leur qualification. »

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