La mise à mort du travail
Perdre son emploi ou ne pas trouver de travail peuvent être des causes de dépression. Mais avoir une activité rémunérée peut aussi se révéler destructeur. La souffrance au travail, qui peut conduire au suicide, est un phénomène qui prend de l'ampleur. Le cas de France Télécom, confrontée à une succession de suicides parmi ses salariés, a suscité une prise de conscience chez des travailleurs, parfois soumis à des rythmes de productivité inhumains.
Pendant plusieurs mois, à l'initiative du producteur Christophe Nick (Yami 2), le réalisateur Jean-Robert Viallet a enquêté sur un mal qui, selon l'Institut de veille sanitaire, touche, en France, un quart des hommes et un tiers des femmes. Une détresse psychique, parfois combinée à des problèmes de peau, des douleurs musculaires et articulaires, et dont la source est professionnelle.
RÉDUCTION DE PERSONNEL, PRODUCTIVITÉ ACCRUE...
Pour étayer son sujet, il s'est rendu aux prud'hommes, où sont jugées des affaires relatives au monde du travail. Il a rencontré des employés en conflit avec leurs patrons pour des problèmes de harcèlement, a écouté les arguments des uns et des autres. Il a observé aussi le fonctionnement de plusieurs entreprises pour tenter de comprendre d'où venaient les tensions. Il a enfin donné la parole à des spécialistes, médecins du travail, avocats, juristes, économistes et sociologues.
Découpé en trois volets - les deux premiers diffusés lundi 26 octobre à 20 h 35, le dernier mercredi 27 à 22 h 30 - son film, intitulé La Mise à mort du travail, fait froid dans le dos. Les titres de chacun des épisodes - La Destruction, L'Aliénation, La Dépossession - donnent sans ambiguïté la tonalité générale de l'enquête : alarmante.
Compte tenu de l'angle choisi, il pouvait difficilement en être autrement, même s'il existe certainement en France des sociétés où le bien-être des employés compte autant que le chiffre d'affaires réalisé par l'entreprise. Mais là n'était pas le sujet.
"Un zéro, un néant, plus rien" : face à la psychologue Marie Pezé, c'est en ces termes qu'une femme cadre décrit ce qu'elle était devenue, après des mois de harcèlement. Marie Pezé a ouvert la première consultation spécialisée dans la souffrance au travail, en banlieue parisienne. Cette année, neuf cents personnes se sont succédé dans son cabinet à l'hôpital de Nanterre. En France, on compte une trentaine de structures du même type où viennent chercher une aide des gens que la vie professionnelle a brisés.
Mondialisation, réduction de personnel, exigences de productivité accrues : l'enquête de Jean-Robert Viallet restitue le contexte économique dans lequel s'inscrivent ces drames humains. La chaîne, qui diffuse ce documentaire en première partie de soirée, propose aux téléspectateurs de prolonger la réflexion par l'intermédiaire d'un site dédié sur France3.fr.
Jean-Robert Viallet
(France, 2009, Durée des trois volets : 207 min).
Sylvie Kerviel
Perdre son emploi ou ne pas trouver de travail peuvent être des causes de dépression. Mais avoir une activité rémunérée peut aussi se révéler destructeur. La souffrance au travail, qui peut conduire au suicide, est un phénomène qui prend de l'ampleur. Le cas de France Télécom, confrontée à une succession de suicides parmi ses salariés, a suscité une prise de conscience chez des travailleurs, parfois soumis à des rythmes de productivité inhumains.
Pendant plusieurs mois, à l'initiative du producteur Christophe Nick (Yami 2), le réalisateur Jean-Robert Viallet a enquêté sur un mal qui, selon l'Institut de veille sanitaire, touche, en France, un quart des hommes et un tiers des femmes. Une détresse psychique, parfois combinée à des problèmes de peau, des douleurs musculaires et articulaires, et dont la source est professionnelle.
RÉDUCTION DE PERSONNEL, PRODUCTIVITÉ ACCRUE...
Pour étayer son sujet, il s'est rendu aux prud'hommes, où sont jugées des affaires relatives au monde du travail. Il a rencontré des employés en conflit avec leurs patrons pour des problèmes de harcèlement, a écouté les arguments des uns et des autres. Il a observé aussi le fonctionnement de plusieurs entreprises pour tenter de comprendre d'où venaient les tensions. Il a enfin donné la parole à des spécialistes, médecins du travail, avocats, juristes, économistes et sociologues.
Découpé en trois volets - les deux premiers diffusés lundi 26 octobre à 20 h 35, le dernier mercredi 27 à 22 h 30 - son film, intitulé La Mise à mort du travail, fait froid dans le dos. Les titres de chacun des épisodes - La Destruction, L'Aliénation, La Dépossession - donnent sans ambiguïté la tonalité générale de l'enquête : alarmante.
Compte tenu de l'angle choisi, il pouvait difficilement en être autrement, même s'il existe certainement en France des sociétés où le bien-être des employés compte autant que le chiffre d'affaires réalisé par l'entreprise. Mais là n'était pas le sujet.
"Un zéro, un néant, plus rien" : face à la psychologue Marie Pezé, c'est en ces termes qu'une femme cadre décrit ce qu'elle était devenue, après des mois de harcèlement. Marie Pezé a ouvert la première consultation spécialisée dans la souffrance au travail, en banlieue parisienne. Cette année, neuf cents personnes se sont succédé dans son cabinet à l'hôpital de Nanterre. En France, on compte une trentaine de structures du même type où viennent chercher une aide des gens que la vie professionnelle a brisés.
Mondialisation, réduction de personnel, exigences de productivité accrues : l'enquête de Jean-Robert Viallet restitue le contexte économique dans lequel s'inscrivent ces drames humains. La chaîne, qui diffuse ce documentaire en première partie de soirée, propose aux téléspectateurs de prolonger la réflexion par l'intermédiaire d'un site dédié sur France3.fr.
Jean-Robert Viallet
(France, 2009, Durée des trois volets : 207 min).
Sylvie Kerviel
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