Mercredi 30 Juin 2010
JUSQU'ICI, TOUT VA BIEN...
La rigueur, où ça? Une crise économique, ah bon? Du chômage massif: vous rêvez? Une offensive généralisée contre les services publics? Mais non, voyons, tout va bien. Petit tour d'horizon.
COUPER, RABOTER.
A peine la réforme des retraites est-elle dans les tuyaux que tout le monde dit qu'elle ne va pas assez loin. Ainsi Didier Migaud, président de la Cour des comptes et ancien député socialiste, qui vient de pousser ce grand cri: la dette est en train de s'emballer! Et le déficit n'est pas dû à la crise, à la relance, aux mesures du jour: il est structurel pour les deux tiers. Faut donc couper, tailler, raboter! Oui, mais dans quoi? Dans les niches fiscales? Dans le cadeau de 3 milliards par an offert aux restaurateurs? et que même Baroin, le ministre du Budget, dit trouver scandaleux? Non: dans les services publics. Geler les salaires. Virer des tas de profs et de fonctionnaires, 100 000 pour les trois prochaines années. Voilà ce que nous promet Fillon et qui va plaire au populo. La manif du jeudi 24 a été la plus grosse de l'année? Un détail...
DÉPENDANCE.
Ah, les vieux sont bien pratiques! Comme ils ont le toupet de vivre longtemps, et que nombre d'entre eux sont dépendants, et que cela coûte cher (ils sont 1,1 million à toucher l'allocation personnalisée d' autonomie, ce qui fait 5 milliards d'euros par an), eh bien les députés UMP ont imaginé un beau montage: faire payer cette dépendance aux retraités, en augmentant leur CSG, et par la même occasion rendre obligatoire, dès 50 ans, la souscription d'une assurance privée, à « 15 euros par mois », précise l'UMP Valérie Rosso-Debord. Détricoter la Sécurité sociale en se servant de la dépendance, il fallait y penser: bravo!
MUR DE LIQUIDITÉS.
Avec un grand luxe de détails, il avait décrit le krach trois ans avant qu'il ne se produise. Désormais plutôt pris au sérieux, l'économiste américain Nouriel Roubini remet ça aujourd'hui dans un bouquin où il explique qu'une nouvelle crise mahousse arrive, et qu'elle est due aux mesures anticrise: le « mur de liquidités »exigé par les banques centrales, lesquelles ont mis sur le tapis une montagne d'argent frais pour relancer l'économie, a conduit les investisseurs à prendre de nouveaux risques fous. D'où une nouvelle bulle qui devrait bientôt exploser...
CAPITALISATION.
Pour financer les retraites, ce que la réforme en cours ne suffira pas à faire, « la capitalisation est incontournable », répètent les libéraux décomplexés comme Hervé Novelli, le secrétaire d'État aux PME (« Le Figaro », 23/6). Le jour est proche, espèrent-ils, où les salariés placeront leur pognon chez les assureurs privés et dans les fonds de pension pour s'offrir un complément de retraite. Dire ça juste au moment où la marée noire au large de la Louisiane fait s'effondrer de moitié le cours de BP, qui garantissait aux fonds de pension britiches le sixième de leurs revenus, et du coup jette dans la panique des millions de retraités anglais, c'est impeccable...
UN SOMMET TRÈS PLAT.
Grandes puissances et pays émergents se sont réunis, à Toronto, de G8 en G20, et ont juste réussi à produire un petit filet d'eau tiède contenant quelques déclarations de principe sur la réduction des déficits. Réguler les marchés financiers? Instaurer une taxe sur les transactions financières? Rien! Histoire de donner une impression de mouvement, Grande-Bretagne, Allemagne et France vont lancer leur petite taxe bancaire à eux, qui a déclenché de grands cris indignés des banquiers... avant qu'ils se calment soudain: la taxe envisagée n'est pas bien méchante, du coup la City est soulagée (« La Tribune », 24/6). La « refondation du capitalisme » n'est pas pour demain. La rigueur, oui.
mercredi 30 juin 2010
LU SUR LE CANARD ENCHAÎNE DU 30 JUIN 2010
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