Fort Chabrol à l’Elysée
Sarkozy est isolé. Il bat le rappel de tous ses ministres qui, spontanément, ne l’aideraient pas. Juppé vient de répondre à propos de son éventuelle entrée au gouvernement : « - Qu’irais je faire dans ce Titanic ? »
Il y a désormais trop de monde en face du pouvoir : des millions de manifestants, 4 ou 5 millions au total d’une manif à l’autre, en quatre fois, depuis un mois. Les grèves reconductibles de développent lentement, de secteur en secteur, de branche en branche, du public au privé, ça rame, c’est dur, c’est coûteux, ca hésite, mais ça tient et ça vient. Les jeunes démarrent comme toujours lentement eux aussi, mais on est passé de 400 à 900 lycées touchés. Les facs construisent leurs assemblées générales. Le 16 octobre se prépare à déferler. Plus rien n’arrêtera cette vague sauf le retrait.
Les gros médias font le black out, parlent d’autre chose, s’efforcent de ne pas voir les grèves, les luttes, il est vrai encore disparates, tâtonnantes. Des temps forts et des lieux forts naissent : à Marseille, dans l’énergie et le pétrole. Plusieurs centaines de boîtes privées s’essaient à la grève dans des conditions pourtant difficiles : ce n’est pas encore le raz de marée, mais ça frémit.
La surdité de la clique Sarkozy exaspère maintenant de façon irréversible des millions de gens. 54 % en appellent à la gréve générale, 61 % a des actions durables, 69 % soutiennent gréves et manifs, 73 % veulent que ce projet soit retiré. C’est massif, indiscutable, irredressable pour le pouvoir.
Sarkozy joue encore sur le doute : en affirmant de façon répétée et « ferme » qu’il ne cédera pas, il joue ses dernières cartes psychologiques de masse. Déjà des millions de gens sentent leur force et commencent à y croire, dés qu’ils vont y croire, ce sera la curée contre sarkozy et tous ses mensongs, ses prétentions, ses pillages, son autisme.
Sarkozy à « parler d’autre chose, vite » : mais quand il va jusqu’à faire annoncer qu’il va retirer le bouclier fiscal, c’est encore une diversion ratée, des millions de gens retiennent qu’il retire ce qui est lui était le plus cher, ce qui était le symbôle proclamé de toute sa politique, donc il peut, il va retirer pareillement la loi retraite. Hé, oui, il le peut et… d’ailleurs il va le faire.
Car les coups de gueule, au stade où nous en sommes, ca ne passe pas : Gaudin le maire de droite de Marseille a joué sur France inter le numéro de l’indignation, félicitant Sarkozy pour son courage qui sauve nos retraites et dénonçant ceux qui manipulent les jeunes, lesquels n’y connaissent rien, et ne peuvent savoir à leur age ce dont il s’agit… Ils sont décidément curieux et impuissants les sarkozystes : ils font voter des lois contre les jeunes de 13 ans, affirmant qu’ils sont assez responsables à cet âge là pour aller en prison et ils dénient le droit aux jeunes de 15 ans de manifester pour défendre leurs emplois et leurs retraites. Pourtant les jeunes expriment remarquablement bien dans les médias : ils disent avec clarté pourquoi ils sont directement menacés de n’avoir pas de boulot et jamais de retraite…
A Caen, le 12 octobre, Sarkozy a fait convoquer les leaders jeunes grévistes par les proviseurs et recteurs, il les menace, et il a même fait tirer en blessant grièvement un jeune lycéen qui manifestait devant les locaux du Medef. Tout un symbole. Ce n’est pas un accident, c’est voulu, puisque cela a recommencé ce jeudi 14 à Montreuil, des policiers osant tirer à bout portant avec des flash ball encore ! Que cherche Sarkozy ? a jouer fort chabrol à l’Elysée ? a faire peur comme Pasqua en 198 ? Il aboutira au drame et au même résultat. Gaudin s’est énervé : « ceux qui veulent mettre le feu comme en mai 68, finiront par perdre les élections comme en juin 68 ». Ils ont donc bel et bien peur d’un mai 68 !
Sarkozy voulait « ne pas toucher a la retraite à 60 ans » et « liquider mai 68 ». Mais il vient de se parjurer sur la retaite à 60 ans et il vient en même temps de réveiller mai 68
On approche du retrait de cette sale loi de pillage des retraites. Encore un effort, tous ensemble dans l’unité : le 16 octobre
Par Gérard Filoche
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