mercredi 28 décembre 2011

Choses promises, Chômedu!

Le Canard
enchainé

 
C'EST terrible. Alors que la trêve des confiseurs nous dispensait, pour cette dernière semaine de l'année, des sempiternelles interrogations sur le triple A, voilà que le ministre du Travail nous assène des statistiques sur l'explosion du simple A. Ou, plus précisément, sur la flambée continue et inquiétante du nombre de chômeurs de catégorie A. Ces chômeurs qui n'exercent aucune activité, même partielle, sont désormais 29 900 de plus en un mois. Un accroissement qui porte leur nombre à 2 844 800 ; le chômage n'a jamais été si haut depuis douze ans. On fait mieux, comme message du jour de l'An!

Et, pour les derniers vœux présidentiels du quinquennat, voilà des chiffres qui font tache au bilan. Surtout pour un président qui parlait, au début de son mandat, de « travailler plus pour gagner plus » à des gens qui, cinq ans plus tard, gagnent moins ou ne travaillent plus.

Un million de chômeurs en plus en un quinquennat, même en les attribuant, comme le fait le ministre du Travail, Xavier Bertrand, à « la plus grave crise économique depuis 1929 », difficile de faire passer ça pour un franc succès. Et le même Bertrand peut bien mouliner que si « les chiffres économiques ne sont pas bons les chiffres de l'emploi ne peuvent pas l'être », il reste facile de lui rétorquer sur le même mode que si les responsables politiques en place ne sont pas bons c'est également le cas des chiffres de l'emploi en question.

D'autant que ces chiffres alarmants qui, par les plans d'austérité qui courent, font évidemment redouter, avec l'entrée en récession, le franchissement dès 2012 de la double barre fatidique des 3 millions de chômeurs et des 10 % des actifs.

Un triste score symbolique qui sera forcément, crise ou non, à inscrire pour une bonne part au passif de celui qui prétendait ramener le chômage au-dessous de 9 %. Et qui risque de lui plomber plus que sérieusement une élection présidentielle dont il répétait encore lui-même, voilà peu (voir p. 2), qu'elle se jouerait sur l'emploi.

Du coup, Bertrand est « entièrement mobilisé sur le front de l'emploi ». Il a « pris acte » de ces chiffres désolants. Et son patron va, promis-juré, prendre des mesures exceptionnelles avec le sommet pour l'emploi prévu le 18 janvier à l'Elysée. Si près de l'échéance présidentielle, voilà un vrai sens de l'urgence!

Un sommet où chacun pourra « apporter des solutions, faire des propositions », car, disait-il à Toulon, « la crise ne doit pas nous faire baisser les bras ». Alors il agite les siens, en fait des tonnes et ne part pas en vacances pour montrer que lui ne chôme pas.

Il ne manquera certainement pas non plus, cette semaine, lors des vœux officiels, de dramatiser le sujet à souhait et de parler de la situation de l'emploi chez les autres en omettant l'Allemagne, où le chômage est d'à peine 6 %. Mais, même avec les meilleurs vœux pieux et les meilleures « propositions » au sommet, tout cela risque d'être un peu court, pour Sarko, pour parvenir en moins de quatre mois à faire baisser le chômage et à sauver son propre emploi.

Erik Emptaz

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