dimanche 12 février 2012

DES SYNDICATS EN GUERRE CONTRE LE VOTE FN ET L’ABSTENTION




Article paru le vendredi 10 Février 2012 dans l'édition de Seine Saint-Denis 

Fin janvier, le leader de la CGT, Bernard Thibault, pourfendait Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen lors d’un meeting à Paris... En Seine-Saint-Denis aussi, des syndicats s’invitent dans la campagne.

Dans une déclaration commune, quatre organisations syndicales de Seine-Saint-Denis — CGT, CFDT, FSU et Unsa appellent les salariés du département « à ne pas se tromper de colère », à trois mois de la présidentielle, et à « participer massivement aux rendez-vous démocratiques qui s’annoncent pour marginaliser le FN ».

La consigne est claire : ne pas voter Marine Le Pen, ne pas s’abstenir non plus. La prise de position n’est pas inédite, au moins pour la CGT, la CFDT et l’Unsa, qui s’étaient déjà exprimées lors des précédentes élections. Pour la FSU (Fédération syndicale unitaire, syndicat de l’enseignement), c’est une première.




SAINT-DENIS, LE 8 JANVIER. Des élus et des syndicalistes avaient manifesté dans les rues de la ville contre le FN, lors d’un meeting de Marine Le Pen à La Plaine-Saint-Denis.

Guy Trésallet, son secrétaire départemental, évoque des sondages alarmants. Une récente étude de l’Ifop indiquait ainsi que 25% des sympathisants de FO et 22% des sympathisants de la CGT s’apprêteraient à glisser un bulletin FN dans l’urne : « Pour nous, ce n’est pas un parti comme les autres. On n’est pas là pour donner des consignes de vote, mais pour montrer aux salariés qu’ils sont en train de se tromper de cible. »

Hervé Ossant, secrétaire de l’union départementale CGT, veut mener un travail pédagogique la CGT dispose déjà d’un argumentaire décortiquant le programme économique du Front national. « L’important, c’est qu’il y ait une déclaration unitaire, estime-t-il. Face aux politiques très violentes sur le plan social et économique, les salariés sont tentés d’exprimer leur colère au moment des élections. » Et le FN s’est récemment manifesté sur le terrain social, en Seine-Saint-Denis notamment, en tentant de distribuer des tracts à la sortie de l’usine PSA d’Aulnay le 28 juin dernier, où un comité d’accueil de militants CGT, SUD et NPA attendait les militants.Dans leur déclaration, les syndicats dénoncent donc un parti qui « représente un danger pour les salariés, puisqu’il ignore leurs revendications [...], n’a de cesse d’attaquer la fonction publique et ses agents [...], et développe un intense antisyndicalisme jamais démenti ». « L’idée de préférence nationale est incompatible avec le syndicalisme », martelle Isabelle Guigond de l’Unsa. Pierre Scafogliero, de la CFDT, assure que l’adhésion aux idées du Front national est aujourd’hui « décomplexée » : « Les gens en parlent librement dans les entreprises. Est-ce qu’on doit laisser faire et attendre les résultats du premier tour? »

Plusieurs syndicats ont cependant refusé de s’associer au texte : la CFTC, la CGC et enfin Force ouvrière. « Nous sommes attachés à la charte d’Amiens (NDLR : adoptée par la CGT en 1906, qui institue l’indépendance réciproque entre syndicats et partis politiques), indique Reza Painchan, secrétaire départemental. On sait que le FN défend un programme anti-ouvrier, mais on laisse nos militants se décider en leur âme et conscience. Un texte commun ne réduira pas le vote FN à zéro. »

Gwenael Bourdon

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