Article paru le vendredi
10 Février 2012 dans l'édition de Seine Saint-Denis
Fin
janvier, le leader de la CGT, Bernard Thibault, pourfendait Nicolas
Sarkozy et Marine Le Pen lors d’un meeting à Paris... En
Seine-Saint-Denis aussi, des syndicats s’invitent dans la campagne.
Dans
une déclaration commune, quatre organisations syndicales de
Seine-Saint-Denis — CGT, CFDT, FSU et Unsa appellent les salariés
du département « à ne pas se tromper de colère », à
trois mois de la présidentielle, et à « participer
massivement aux rendez-vous démocratiques qui s’annoncent pour
marginaliser le FN ».
La
consigne est claire : ne pas voter Marine Le Pen, ne pas
s’abstenir non plus. La prise de position n’est pas inédite, au
moins pour la CGT, la CFDT et l’Unsa, qui s’étaient déjà
exprimées lors des précédentes élections. Pour la FSU (Fédération
syndicale unitaire, syndicat de l’enseignement), c’est une
première.
SAINT-DENIS,
LE 8 JANVIER. Des élus et des syndicalistes avaient manifesté
dans les rues de la ville contre le FN, lors d’un meeting de Marine
Le Pen à La Plaine-Saint-Denis.
Guy Trésallet,
son secrétaire départemental, évoque des sondages alarmants. Une
récente étude de l’Ifop indiquait ainsi que 25% des sympathisants
de FO et 22% des sympathisants de la CGT s’apprêteraient à
glisser un bulletin FN dans l’urne : « Pour nous, ce
n’est pas un parti comme les autres. On n’est pas là pour donner
des consignes de vote, mais pour montrer aux salariés qu’ils sont
en train de se tromper de cible. »
Hervé Ossant, secrétaire de l’union
départementale CGT, veut mener un travail pédagogique la CGT
dispose déjà d’un argumentaire décortiquant le programme
économique du Front national. « L’important, c’est qu’il
y ait une déclaration unitaire, estime-t-il. Face aux politiques
très violentes sur le plan social et économique, les salariés sont
tentés d’exprimer leur colère au moment des élections. »
Et le FN s’est récemment manifesté sur le terrain social, en
Seine-Saint-Denis notamment, en tentant de distribuer des tracts à
la sortie de l’usine PSA d’Aulnay le 28 juin dernier, où un
comité d’accueil de militants CGT, SUD et NPA attendait les
militants.Dans leur déclaration, les syndicats dénoncent donc un
parti qui « représente un danger pour les salariés, puisqu’il
ignore leurs revendications [...], n’a de cesse d’attaquer la
fonction publique et ses agents [...], et développe un intense
antisyndicalisme jamais démenti ». « L’idée de
préférence nationale est incompatible avec le syndicalisme »,
martelle Isabelle Guigond de l’Unsa. Pierre Scafogliero, de la
CFDT, assure que l’adhésion aux idées du Front national est
aujourd’hui « décomplexée » : « Les gens
en parlent librement dans les entreprises. Est-ce qu’on doit
laisser faire et attendre les résultats du premier tour? »
Plusieurs syndicats ont cependant
refusé de s’associer au texte : la CFTC, la CGC et enfin
Force ouvrière. « Nous sommes attachés à la charte d’Amiens
(NDLR : adoptée par la CGT en 1906, qui institue l’indépendance
réciproque entre syndicats et partis politiques), indique Reza
Painchan, secrétaire départemental. On sait que le FN défend un
programme anti-ouvrier, mais on laisse nos militants se décider en
leur âme et conscience. Un texte commun ne réduira pas le vote FN à
zéro. »
Gwenael Bourdon
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