Article paru le lundi
13 Février 2012.
Le
président de la République préfère rejeter une nouvelle fois la
responsabilité de la hausse du chômage sur le dos des demandeurs
d'emploi. Sa solution ? Les contraindre à accepter n'importe quel
travail.
Dans
le Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy a relancé la chasse aux
chômeurs. Passant sous silence son quinquennat désastreux en
matière d'emploi, avec un chômage qui frôle les 10 %, le président
a préféré en remettre une couche sur le prétendu manque de
motivation des chômeurs. Et faire des annonces choquantes. « Je
propose de créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne
sera pas une indemnisation que l'on touche passivement, mais la
rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque
demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre
», a-t-il déclaré. Le chômeur devra donc suivre une formation
obligatoire avant d'accepter la première offre d'emploi qui passe.
Cette proposition qui assimile les demandeurs d'emploi à des
fainéants a suscité l'indignation.
Bernard
Thibault, secrétaire général de la CGT, a accusé le locataire de
l’Élysée de « diviser le pays » et de « faire croire que les
chômeurs se complaisent dans leur situation ». Pour Alain Marcu, de
l'association de chômeurs AC !, « c'est une véritable
déclaration de guerre. On veut instaurer un service du travail
obligé ! ». Philippe Villechalane, porte-parole de l'Apeis,
rappelle que « les allocations ne sont pas des cadeaux, les chômeurs
ont payé des cotisations ». Contrairement à ce que laisse entendre
le président, les chômeurs rendent déjà des comptes à Pôle
emploi. Depuis 2008, ils sont soumis à l'offre raisonnable d'emploi
(ORE). S'ils refusent deux ORE, leurs allocations peuvent être
suspendues deux mois. Dans les faits, la sanction n'est pas toujours
appliquée parce qu'il n'y a pas assez d'offres de travail pour tout
le monde ! D'après les dernières statistiques de Pôle emploi, les
offres collectées auprès des entreprises sont en baisse de 5,5 % au
mois de décembre 2011.
Pour
Jean-Charles Steyger, du bureau national du SNU-FSU Pôle emploi, «
c'est une grande tendance depuis cinq ans, il y a une baisse des
CDI, des temps pleins. Le président veut faire comme l'Allemagne,
forcer les chômeurs à prendre des petits contrats, sinon ils seront
radiés, c'est dégueulasse ». Même la CGPME s'est élevée contre
une proposition « peu réaliste ».
Mais
pour Sarkozy, tout est bon pour forcer les chômeurs à accepter des
petits boulots. A l'automne, il avait applaudi les sept heures de
travaux d'intérêt général par semaine (jardinage, accompagnement
de personnes âgées...) imposées aux titulaires du revenu de
solidarité active (RSA), sous peine de perdre l'allocation. Et tant
pis si ce mini contrat ne facilite pas l'insertion et n'est pas en
rapport avec les aspirations des chômeurs. Non content de taper sur
les demandeurs d'emploi, le président tente aussi de court-circuiter
les partenaires sociaux, gestionnaires de l'assurance chômage.
Toujours dans le Figaro Magazine, il propose que ce durcissement des
conditions d'indemnisation des chômeurs soit soumis à l'avis des
Français, via un référendum. Maurad Rabhi, chargé des questions
d'emploi à la CGT, est atterré. Pour le syndicaliste, plutôt que
de draguer l'électorat du FN, le président devrait se pencher sur
ses erreurs. « En cinq ans, il n'a pas su créer les conditions
d'une vraie politique d'investissement, notamment dans l'industrie. »
Lui qui avait pourtant promis 5 % de chômeurs à la fin de son
mandat.
Cécile
Rousseau
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