mercredi 15 février 2012

Les syndicats s'indignent d'un référendum cache-misère sur l'indemnisation des chômeurs



Article paru le lundi 13 Février 2012.

Le président de la République préfère rejeter une nouvelle fois la responsabilité de la hausse du chômage sur le dos des demandeurs d'emploi. Sa solution ? Les contraindre à accepter n'importe quel travail.

Dans le Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy a relancé la chasse aux chômeurs. Passant sous silence son quinquennat désastreux en matière d'emploi, avec un chômage qui frôle les 10 %, le président a préféré en remettre une couche sur le prétendu manque de motivation des chômeurs. Et faire des annonces choquantes. « Je propose de créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une indemnisation que l'on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre », a-t-il déclaré. Le chômeur devra donc suivre une formation obligatoire avant d'accepter la première offre d'emploi qui passe. Cette proposition qui assimile les demandeurs d'emploi à des fainéants a suscité l'indignation.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a accusé le locataire de l’Élysée de « diviser le pays » et de « faire croire que les chômeurs se complaisent dans leur situation ». Pour Alain Marcu, de l'association de chômeurs AC !, « c'est une véritable déclaration de guerre. On veut instaurer un service du travail obligé ! ». Philippe Villechalane, porte-parole de l'Apeis, rappelle que « les allocations ne sont pas des cadeaux, les chômeurs ont payé des cotisations ». Contrairement à ce que laisse entendre le président, les chômeurs rendent déjà des comptes à Pôle emploi. Depuis 2008, ils sont soumis à l'offre raisonnable d'emploi (ORE). S'ils refusent deux ORE, leurs allocations peuvent être suspendues deux mois. Dans les faits, la sanction n'est pas toujours appliquée parce qu'il n'y a pas assez d'offres de travail pour tout le monde ! D'après les dernières statistiques de Pôle emploi, les offres collectées auprès des entreprises sont en baisse de 5,5 % au mois de décembre 2011.

Pour Jean-Charles Steyger, du bureau national du SNU-FSU Pôle emploi, « c'est une grande tendance depuis cinq ans, il y a une baisse des CDI, des temps pleins. Le président veut faire comme l'Allemagne, forcer les chômeurs à prendre des petits contrats, sinon ils seront radiés, c'est dégueulasse ». Même la CGPME s'est élevée contre une proposition « peu réaliste ».

Mais pour Sarkozy, tout est bon pour forcer les chômeurs à accepter des petits boulots. A l'automne, il avait applaudi les sept heures de travaux d'intérêt général par semaine (jardinage, accompagnement de personnes âgées...) imposées aux titulaires du revenu de solidarité active (RSA), sous peine de perdre l'allocation. Et tant pis si ce mini contrat ne facilite pas l'insertion et n'est pas en rapport avec les aspirations des chômeurs. Non content de taper sur les demandeurs d'emploi, le président tente aussi de court-circuiter les partenaires sociaux, gestionnaires de l'assurance chômage. Toujours dans le Figaro Magazine, il propose que ce durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs soit soumis à l'avis des Français, via un référendum. Maurad Rabhi, chargé des questions d'emploi à la CGT, est atterré. Pour le syndicaliste, plutôt que de draguer l'électorat du FN, le président devrait se pencher sur ses erreurs. « En cinq ans, il n'a pas su créer les conditions d'une vraie politique d'investissement, notamment dans l'industrie. » Lui qui avait pourtant promis 5 % de chômeurs à la fin de son mandat.

Cécile Rousseau

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