mardi 20 mars 2012

Présidentielle : Qui veut la peau des syndicats ?

Avec la répression musclée d’une délégation de 200 salariés d’Arcelor Mittal devant le siège du candidat Sarkozy, on a assisté la semaine dernière à une véritable hystérie antisyndicale et particulièrement contre la CGT dans les rangs de l’UMP. Comment s’en étonner ? Il s’agit rien moins que d’une accélération de la charge menée par Nicolas Sarkozy contre les corps intermédiaires. Ainsi, lors de son discours de Marseille, il accusait les syndicats  « qui s'interposent parfois entre le peuple et le sommet de l'État, qui prétendent souvent parler au nom des Français et qui en vérité confisquent la parole des Français. (…) Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes mais les corps intermédiaires qui n'aiment rien tant que l'immobilisme", a-t-il dit, s'en prenant une nouvelle fois aux "élites" et en réaffirmant sa volonté de "rendre la parole" aux Français via des référendums. Les bornes n’étant pas complètement franchies il avait cru bon d’ajouter : "Quand on aime la France, on n'est prisonnier d'aucun groupe de pression, d'aucun syndicat, d'aucune clientèle, d'aucune communauté".



On est en plein délire. Cette charge antisyndicale contre des groupes qui selon ses propos n’aiment pas la France fait froid dans le dos. Cette haine des corps intermédiaires fait irrésistiblement penser à la montée des fascismes dans l’Europe des années 30. Entre Marine Le Pen qui qualifiait d’ « émeutiers » les millions de manifestants opposés à la réforme des retraites et les insultes de Nicolas Sarkozy, il n’y a clairement plus de frontières.



Mais comment pourrait-il en être autrement ? La perméabilité idéologique est avérée depuis longtemps sur maints sujets. La nécessité impérieuse de faire les poches de l’extrême droite pour espérer figurer au second tour n’est un mystère pour personne. Mais plus fondamentalement, cette haine des syndicats, ce mépris pour le dialogue social aura été une constante de ces cinq années.
La CGT n’a pas de leçons à recevoir quant à sa légitimité. Quand selon de bonnes sources, l’UMP ne compterait guère plus de 15 000 membres, la CGT à elle seule syndique plus de 669 000 salariés. Quand une adhésion à l’UMP peut être un sésame dans l’immobilier ou pour un emploi public, prendre une carte syndicale et singulièrement celle de la CGT constitue encore trop souvent un risque.
Ce quinquennat aura été marqué par les limitations du droit de grève, par un usage des réquisitions pour lequel la France a été pointée par l’Organisation internationale du Travail. Ces cinq années auront été une succession de viols du dialogue social sur des sujets aussi importants que les retraites notamment. Alors n’en déplaise, la CGT ne saurait être neutre au moment d’un rendez-vous démocratique aussi important. Elle a choisi de ne faire campagne pour personne, mais il est de sa responsabilité de ne pas laisser l’amnésie s’installer pour masquer le bilan antisocial de Sarkozy et de rappeler à tous les candidats ses revendications et ses propositions afin quelles soient au cœur du débat. La CGT en appelle donc à « changer de politique » et à « conquérir la justice sociale ».

Le site : UGICT.fr

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