Réunis mercredi par l’Association des journalistes de l’information sociale, l’actuel et le futur secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault et Thierry Lepaon, ont détaillé les raisons de la mobilisation contre l’accord dit de sécurisation de l’emploi.
«On engage le rapport de forces contre l’accord sur l’emploi et nous ne renonçons pas comme ça. C’est dans notre culture. » Le futur secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a confirmé, mercredi, préparer, avec FO, la FSU et Solidaires, une journée de mobilisation conséquente le 5 mars, veille de l’examen du projet de loi dit de sécurisation de l’emploi, en Conseil des ministres. « Pour nous, cette journée est le début du processus de mobilisation », a ajouté l’actuel secrétaire général, Bernard Thibault.
À quelques semaines du 50e congrès du syndicat, qui se déroulera à Toulouse du 18 au 22 mars, les deux numéros 1 de la CGT étaient invités par l’Association des journalistes de l’information sociale. Et ils n’ont pas mâché leurs mots contre un accord qui, s’il est transposé dans la loi en l’état, va modifier en profondeur le Code du travail. « Les procédures de licenciement vont être accélérées, les délais de contestation raccourcis, les prérogatives des élus du personnel réduits. Le Medef a réussi à rendre moins attaquables en justice les procédures de licenciement », a insisté Bernard Thibault, tandis que Thierry Lepaon invitait à repenser de fond en comble les politiques de l’emploi.
Moins d’un an après le retour de la gauche au pouvoir, la CGT, qui a contribué à l’accession de François Hollande à l’Élysée, se retrouve à devoir appeler à la mobilisation pour que le gouvernement ne valide pas aveuglément un accord favorable au Medef et dont le résultat principal serait de flexibiliser davantage le travail. Qui plus est, ont longuement insisté les deux leaders, cet accord n’a aucune légitimité puisqu’il est minoritaire. Or, ont-ils pointé, en matière de démocratie sociale, le Parti socialiste défend de longue date l’idée qu’un accord est légitime quand il est signé par des syndicats représentant une majorité de salariés. Ce qui n’est pas le cas de l’accord sur l’emploi, ratifié par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, organisations qui n’ont récolté que 38 % des voix aux dernières élections prud’homales.
Lors des toutes récentes élections organisées dans les très petites entreprises, ces trois syndicats ont obtenu moins de voix que la seule CGT (28,11 %). « L’actuelle majorité a toujours dit vouloir améliorer le dialogue social, au point de proposer d’en intégrer le principe dans la constitution. Or les deux syndicats qui ne signent pas l’accord, la CGT et FO, ont une influence beaucoup plus forte auprès des salariés que ceux qui le signent », a développé Bernard Thibault. Certes, tant que les nouvelles règles de représentativité ne sont pas entrées en vigueur, les anciennes s’appliquent et disent, entre autres, qu’un accord est valable quand il est signé par une majorité de syndicats. Ce qui est le cas. Mais, rétorque l’actuel secrétaire général, « si cette position est juridiquement juste, elle est politiquement indéfendable ». La pique est directement liée au calendrier. Normalement, la nouvelle mesure de représentativité est attendue pour fin mars. La CFTC va perdre sa représentativité interprofessionnelle et la CFE-CGC ne pourra plus parler qu’au nom des cadres. Si la négociation avait eu lieu six mois plus tard, la CFDT aurait été bien seule à apposer son paraphe.
L’unité syndicale est une constante de la CGT
Pour se tirer de ce mauvais pas et alors que le débat parlementaire sur la transcription de l’accord se profile (début avril), le gouvernement a décidé de retarder les décrets d’application à l’été. La manœuvre monte un cran plus haut la détermination de la CGT à faire entendre son désaccord. Dans ce combat, elle a trouvé une alliée assez inhabituelle, avec le retour de FO dans une démarche intersyndicale, situation qui réjouit Thierry Lepaon. « Il s’agit d’un événement », plaide-t-il, soulignant au passage que la recherche de l’unité syndicale est une constante de la CGT car elle est source d’efficacité pour « rassembler le plus largement possible », résume le futur secrétaire général de la confédération, assurant que son élection va « se passer tranquillement » et s’inscrire dans la « continuité » des orientations de la CGT.
Une direction renouvelée à 40 %.
Élu par le comité confédéral national à l’automne, Thierry Lepaon
succédera à Bernard Thibault au poste de secrétaire général de la CGT
lors du 50e congrès prévu du 18 au 22 mars à Toulouse. Mercredi, il a
levé un coin du voile sur la composition de la future direction, qui
avait fait débat lors du dernier CCN. Le nouveau bureau confédéral
serait composé de dix membres contre huit actuellement. « La
responsabilité précise de chaque membre sera identifiée », a-t-il
précisé. Quant à la commission exécutive, elle comprendra 56 membres
(+ 2), dont 40 % de « nouveaux entrants ». Les deux instances de
direction seront paritaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire