Un fossé entre organisations syndicales et patronales !
Cette
troisième séance de négociation a surtout servi à mesurer l’écart entre les
propositions syndicales et les propositions patronales. On peut même dire que
les positions sont diamétralement opposées ; alors qu’en cette période de
crise et d’augmentation du chômage l’ensemble des organisations syndicales
cherchent à améliorer les droits des privés d’emploi, le patronat lui refuse
catégoriquement de mettre la main à la poche et cherche toutes les pistes
d’économies possibles sur le dos des demandeurs d’emploi.
Se
fondant sur la nécessité de supprimer le déficit, il détruit les règlements
spécifiques qui concernent les intérimaires et les intermittents du
spectacle : les annexes 4, 8 et 10 sont purement et simplement supprimées.
Et ça ne suffit pas encore, l’économie serait trop petite car le coût cumulé de
ces deux dispositifs n’atteint pas 700 millions d’euros, il faut donc faire
payer aussi les autres !
Les
licenciés économiques par exemple, qui grâce à la lutte obtiennent des
indemnités supra légales, subissent déjà un différé d’indemnisation de 75
jours. Le patronat propose de faire sauter ce plafond : l’indemnité supra
légale servira intégralement à financer leur période de chômage. L’assurance
chômage ne prendra le relai qu’après l’épuisement de leur indemnité.
Il faut
simplifier l’activité réduite, c’est-à-dire la possibilité de cumuler les
revenus d’un travail à temps partiel et une partie des allocations chômage. Sur
ce point, il y a consensus, le système actuel est trop compliqué. Un plafond à
ce cumul est créé, équivalent à 80% de l’ancien salaire net. Avec ce système,
la simplification risque de faire plus de perdants que de gagnants !
La
possibilité de moduler les allocations en fonction du taux de chômage peut
paraître une bonne idée, mais là, le patronat prend soin de définir des seuils
qui ne risquent pas de lui coûter grand-chose. Pour avoir un mieux par rapport
à l’existant, il faut atteindre un taux de chômage de 12% (aujourd’hui 10,5%)
et cela, aucune prévision économique ne l’annonce pour les prochaines
années !
Les
seniors aussi doivent subir des restrictions, les mesures spécifiques devraient
suivre le recul de l’âge de la retraite.
En
échange de tout cela : mise en place des droits rechargeables puisqu’ils
s’y sont obligés par l’ANI de janvier 2013, mais quels droits
rechargeables ? Pas les modèles proposés par les organisations
syndicales ! Non ! Une formule qui ne servirait qu’aux salaries ayant
assez retravaillé pour se rouvrir des droits (plus de 4 mois) et avec un
système complexe pour que le demandeur d’emploi ne s’y retrouve pas. Là aussi,
des droits rechargeables à l’économie.
Il
reste encore deux séances de négociations prévues, cela semble bien court pour
combler le fossé existant. Dans un contexte où le patronat prend l’habitude de
voir ses désirs comblés comme pour le pacte de responsabilité, il n’y a plus de
limites à ses exigences. Il est donc nécessaire de faire monter le rapport de
forces, la CGT invite les salariés, les intermittents, les intérimaires, tous
les précaires et les privés d’emploi à se tenir prêts à se mobiliser.
Montreuil,
le 14 février 2014
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