écrit par
le collectif
CGT Schindler France
le 14/12/2014
Le « burn out », sentiment d'épuisement psychique à cause des conditions de travail, touche un salarié sur quatre pendant sa carrière aujourd'hui en France. Un chiffre alarmant, qui pousse des députés à réclamer la reconnaissance de ce phénomène comme maladie professionnelle.
Une trentaine de parlementaires de la majorité a récemment signé une tribune pour exiger que les conséquences pathologiques du stress au travail soient indemnisées par le patronat, et non par la collectivité. « Nous demandons la reconnaissance de l'épuisement comme maladie professionnelle », indiquent-ils. « Cette reconnaissance est indispensable pour faire que les effets de l'épuisement nerveux au travail soient à la charge de ceux qui en sont responsables, c'est-à-dire les employeurs. » Pour les députés de la majorité signataires, il s'agirait de faire « basculer le financement de ce syndrome d'épuisement professionnel sur la branche Accident du travail et maladies professionnelles – financée par les cotisations patronales à 97 % ». Les députés proposent l'inscription de deux nouveaux éléments au tableau des maladies professionnelles : la dépression consécutive à un épuisement profond et le stress post-traumatique au travail.
Et la définition clinique de ce syndrome d'épuisement professionnel est floue : elle se traduit par une immense fatigue et la sensation d'être « vidé », éventuellement associées à des douleurs physiques ou des manifestations de stress et d'angoisse. Il survient généralement lorsque le travailleur effectue une tâche sous haute pression, avec des amplitudes horaires très larges. C’est fréquemment le cas pour les cadres comme pour une partie des assistantes, sur lesquelles repose une bonne partie du fonctionnement quotidien de l’entreprise.
Cependant limiter la reconnaissance des pathologies psychiques en lien avec le travail au seul « burn-out » c’est favoriser une approche individuelle des risques psychosociaux liée à la charge de travail qui ne permet pas de faire de la prévention collective car elle met en exergue de soi-disant «facteurs personnels de la souffrance au travail » (« il est trop perfectionniste ! », « personne ne lui en demande autant ! », « il ne sait pas gérer sa charge de travail ! » etc…) en évacuant les questions du travail et les autres facteurs de risques organisationnels et managériaux.
Nous avons notre mot à dire sur notre travail. Pour la CGT, il est fondamental de faire progresser la démocratie sociale et faire que les salariés restent des citoyens au travail comme dans la vie. Le travail a une dimension sociale : il devrait avoir pour objectif la satisfaction des besoins de l’ensemble de la société. Mais l’entreprise ne pense qu’à une seule chose : le profit privé, du patron comme des actionnaires. Et tout est bon pour l’augmenter : les pressions subies par les salariés chez Schindler, mais aussi dans la plupart des entreprises, en sont l’illustration. Pour garantir la santé des travailleurs, il faut également lutter tous ensemble pour changer les priorités de notre société !
Quelques chiffres et éléments concernant le phénomène de « burn out »
Deux nouvelles études rendues publiques viennent renforcer nos exigences syndicales d'une véritable transformation du travail et du management, d'un droit effectif à la déconnexion, du respect de la frontière entre vie privée et vie au travail, d'une réduction de la durée du travail. Il y a en effet urgence pour les salariés, et en particulier pour les plus qualifiés et ceux qui sont en responsabilités, qui subissent en première ligne la pression pour faire tourner les boîtes à plein régime et sans temps mort.
Ainsi, selon un baromètre de l'organisme de formation professionnelle CEGOS, un salarié sur quatre déclare avoir subi au cours de sa carrière un problème psychologique grave comme une dépression ou un burn-out. 26% des salariés et 22% des managers indiquent que leur travail a été à l'origine de tels troubles.
Plus d'un salarié sur deux (53%) et 68% des managers disent subir un stress régulier dans leur travail, une grande majorité estimant que cela a un impact négatif sur leur santé. La principale source de stress citée par les salariés comme par les managers est une charge de travail trop importante, devant un manque ou une mauvaise organisation du travail, et un sentiment d'isolement.
Une autre étude, publiée par Randstad, indiquait quant à elle que pour près d'un Français sur deux (49%), travailler le soir ou le week-end menace l'équilibre vie privée/vie professionnelle. Invitées à désigner les principales menaces qui pèsent sur ce délicat équilibre, les personnes interrogées citent d'abord "un environnement de travail désagréable" (60%), puis une mauvaise collaboration avec les collègues (53%).
Vient ensuite le fait de "travailler le soir et/ou pendant le week-end", mis en avant par 49% des personnes interrogées. Selon l'étude, "la pression exercée par les employeurs pour finir le travail" est aussi souvent citée (42%), devant des "échéances ou délais trop stricts" (40%) ou encore le fait de n'avoir "aucune flexibilité dans les heures de travail" (35%).
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