vendredi 30 mai 2008

35 heures : les précisions du gouvernement ne rassurent pas les syndicats

Le gouvernement a fait, jeudi 29 mai, une nouvelle mise au point sur le maintien du principe des 35 heures. Mais l'avant-projet de loi assouplissant la législation sur le temps de travail, présenté par le ministre du travail, Xavier Bertrand, continue d'inquiéter les syndicats, qui le considèrent comme une remise en cause de l'accord sur la représentativité syndicale négocié début avril. Plusieurs confédérations se réunissent à Paris, jeudi, pour décider d'une éventuelle action.

Xavier Bertrand a précisé qu'il "assumait totalement ses divergences" avec les partenaires sociaux concernant le temps de travail, mais il s'est défendu en affirmant qu'il ne cherchait pas à les "piéger". "Nous avons annoncé la couleur dès la campagne électorale", a-t-il déclaré. Pour le ministre, "il faut accepter de ne pas être d'accord sur tout : nous avons respecté l'esprit et la lettre de la position commune sur la représentativité et le financement syndical ; sur le temps de travail, ce n'est pas une surprise que nous allions plus loin".
"UN AN DE TROP"
Le ministre assure être dans une "logique de dialogue", mais si le gouvernement laissait les partenaires sociaux négocier sur le temps de travail, "ce serait un an de trop pour nombre d'entreprises bloquées par la logique des 35 heures imposées", assure-t-il. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a confirmé que le gouvernement entendait "aller plus loin dans l'assouplissement" des 35 heures.

"Il y aura toujours une durée hebdomadaire du travail en France", avait déclaré Nicolas Sarkozy sur RTL, mardi."La grande nouveauté, a expliqué Christine Lagarde, "c'est qu'autrefois, le contingent d'heures supplémentaires était fixé par secteur" et que le gouvernement entend qu'il soit désormais fixé entreprise par entreprise.

"INSTRUMENTALISATION"

Parmi les partenaires sociaux ayant participé aux négociations sur la représentativité syndicale, seule la CGPME a affiché son soutien à l'avant-projet de loi, qui "concilie le maintien de la durée légale de 35 heures avec les besoins réels des entreprises". La CFDT et la CGT jugent au contraire que le gouvernement a trahi son engagement à transcrire fidèlement dans la loi le texte négocié début avril. Le Medef a lui aussi demandé au gouvernement de respecter la "position commune" signée avec les syndicats. "Ce sont les termes de cet accord qui doivent être respectés aujourd'hui", a dit sa présidente, Laurence Parisot.

Dans un entretien au Monde, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque dénonce "l'instrumentalisation" de l'accord. "Xavier Bertrand et Christine Lagarde (...) s'étaient engagés publiquement sur la transcription de l'accord. Le changement d'attitude de M. Bertrand s'est fait après la déclaration de Patrick Devedjian sur les 35 heures." Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, promet d'organiser "très vite" un mouvement de protestation. Le gouvernement "essaie de nous mettre devant le fait accompli. Nous ne l'accepterons pas", déclare-t-il dans un entretien publié jeudi dans Libération.

ZIZANIE SYNDICALE SUR LA REPRÉSENTATIVITÉ
L'avant-projet sur la démocratie sociale et sur le temps de travail, qui s'articule en deux parties (représentativité syndicale et 35 heures), sème la zizanie chez les syndicats. Les dirigeants de Force ouvrière et de la CFTC ont en effet demandé, jeudi 29 mai, à la CGT et la CFDT de retirer leurs signatures de la "position commune" sur la représentativité syndicale, qui a "ouvert la porte" à une remise en cause de la loi des 35 heures. Ces deux syndicats eux n'ont pas apposé leurs paraphe à ce texte.

Leur demande a été immédiatement rejettée par la CFDT et la CGT qui soulignent que "c'est le gouvernement qui est en difficulté, pas nous, il prône le dialogue social puis il s'asseoit dessus après". La CFTC a décidé de ne pas participer à la réunion intersyndicale prévue jeudi soir, que le syndicat qualifie de "mascarade". – (avec AFP)

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