lundi 13 février 2012

La fin d’un suspens cousu de fil blanc


Imaginez-vous une seule seconde l’angoisse du rédacteur de la Lettre devant la page blanche d’un traitement de texte, la solitude de l’éditorialiste du dimanche qui depuis des mois écrit ces lignes dans l’incertitude. Ira ? N’ira pas ? La peur d’être démenti ou dépassé par le brusque emballement médiatique. Cette fois, la délivrance s’annonce… Il va le dire. Sarkozy va annoncer sa candidature…  L’insoutenable suspens va prendre fin. Mais oups… Et si nos fidèles lecteurs ne recevaient cette lettre qu’après cet événement interplanétaire ?  Et si, finalement, ben tout compte fait, il renonçait ou minaudait encore? 
Alors faisons comme d’habitude, contentons-nous des faits. Cette semaine dernière, après que son ministre de l’Intérieur et des Cultes ait occupé le terrain en nous livrant le fond de sa pensée sur l’inégalité des civilisations, Nicolas Sarkozy a enfourché le canasson habituel (en réalité, à peine un demi poney) de la division et de la stigmatisation. Son annonce d’un référendum sur le traitement des chômeurs qu’il entend obliger à suivre une formation pour leur faire accepter n’importe quel offre d’emploi a soulevé l’ire des syndicats, mais pas que… Il faut dire qu’au-delà de la stigmatisation, de la culpabilisation des salariés privés d’emploi cette annonce d’un référendum est pour le moins surprenante. D’abord parce que les possibilités de radiation des chômeurs qui refusent plus de deux offres d’emploi valables ont déjà été élargies, mais sans obtenir le résultat escompté semble-t-il en raison des conditions qui subsistent néanmoins pour qu’une offre soit considérée comme valable.
Ensuite, parce que Nicolas Sarkozy se mêle grossièrement comme d’habitude d’un dossier qui relève de la responsabilité des organisations syndicales et patronales, dans le cadre de la gestion de l’assurance chômage.
Ensuite, parce qu’on se demande bien pourquoi un référendum sur une question somme toute marginale qui relève du seul dialogue social au niveau interprofessionnel, alors que sur une question aussi grave que la réforme des retraites, il n’a été question ni de négociations, ni de référendum.

Enfin, pourquoi user d’un référendum quand on est aussi bas dans les sondages ? Chacun sait qu’au moins dans notre pays, on ne répond pas à la question posée, mais à celui qui la pose. Et d’avance, Nicolas Sarkozy prévient qu’il ne démissionnerait pas en cas de vote négatif.

Si c’est de cette manière que les questions sociales sont abordées pendant la campagne, il va vraiment falloir se mobiliser pour rappeler les exigences et les revendications et faire barrage aux mauvais coups. En commençant par faire un sort aux « accords de compétitivité » pour lesquels les discussions doivent commencer.

Le site internet: UGICT

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