vendredi 23 mai 2008
La panne de la consommation des ménages confirmée en avril
La panne de la consommation des ménages s'est confirmée au mois d'avril en France avec un recul inattendu de leurs dépenses en biens manufacturés qui augure d'un net ralentissement de l'activité au deuxième trimestre, estiment les économistes.
Les dépenses des ménages en produits manufacturés ont reculé de 0,8% au mois d'avril par rapport au mois précédent où elles avaient déjà chuté de 1,0% (-1,7% en première estimation).
Les vingt-huit économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à un rebond de 0,7% des dépenses des ménages en produits manufacturés qui représentent environ un tiers de leur consommation totale.
Sur un an glissant, la hausse de la consommation des ménages est ramenée à +0,4%, son rythme de croissance le plus faible depuis août 2003.
En avril, seule la consommation de biens d'équipement du logement a augmenté (+1,6% par rapport au mois précédent). La baisse est en revanche très nette dans l'automobile (-2,6%) et surtout dans le textile (-3%).
"Ce n'est plus une alerte, c'est un changement d'orientation ave lequel il faudra désormais composer : la consommation des ménages lâche", estime Nicolas Bouzou, économiste du bureau d'analyse indépendant Asterès.
Depuis le début de cette année, trois mois sur quatre se sont soldés par une baisse des dépenses de consommation en biens durables.
"Toutes les conditions sont réunies pour que cette atonie de la consommation se prolonge au moins jusqu'à la fin du premier semestre", prévoit Alexander Law, économiste à l'institut Xerfi.
"L'inflation, qui ponctionne lourdement le pouvoir d'achat, restera autour de 3% jusqu'à l'été, sachant que la flambée du cours du baril fait peser un aléa haussier sur ce scénario", ajoute-t-il.
"SPIRALE INFERNALE"
"Comme par ailleurs le moral des ménages a poursuivi sa spirale infernale ces derniers mois, il est plus que probable que l'économie française doive se passer pour quelques temps encore du soutien des ménages", prévient-il.
"L'acquis de croissance pour la consommation de produits manufacturés s'établit pour l'heure, pour le deuxième trimestre, à -1%", selon Nicolas Bouzou.
"Autrement dit, selon toutes probabilités, la consommation totale des ménages va régresser sur la période. En supposant que la conjoncture allemande tirera moins les exportations françaises qu'en début d'année, la croissance ne devrait pas dépasser 0,2-0,3% au deuxième trimestre", estime-t-il.
"Il est trop tôt pour affirmer que la France est sortie saine et sauve des chocs qui secouent l'économie mondiale depuis l'année dernière", renchérit Alexander Law.
Dans ce contexte, "l'Elysée et le gouvernement ont été mal inspirés lorsqu'ils ont la semaine dernière, incité les économistes à retravailler leurs modèles de prévisions", ajoute Nicolas Bouzou.
L'exécutif s'est vivement félicité la semaine dernière de l'annonce par l'Insee d'une croissance de l'économie française meilleure que prévu au premier trimestre à +0,6% et d'une révision en hausse de 1,9% à 2,2% de la croissance sur l'ensemble de m'année 2007.
Le gouvernement a notamment fait valoir que ces performances confortaient la prévision d'une croissance de l'économie française en 2006 comprise entre 1,7% et 2,0%, jugée optimiste par certains économistes.
"Les chiffres des dépenses en produits manufacturés confirment que la politique de soutien à la demande mise en oeuvre par le gouvernement depuis un an avec une trentaine de mesures en faveur du pouvoir d'achat n'a eu aucune prise sur la consommation", note toutefois Nicolas Bouzou.
Marc Joanny
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