samedi 21 juin 2008
2009 s’annonce noir selon l’Insee et gris selon Bercy
Le premier prévoit une vraie panne de l’activité en France dans les prochains mois quand le second mise sur un simple ralentissement. L’un considère que la reprise de l’inflation va peser lourdement sur la croissance alors que l’autre fait confiance à ses réformes et aux créations d’emplois pour faire mentir le scénario «trop pessimiste» du premier. Entre l’Insee et le gouvernement, il y a décidément bien plus que des divergences d’appréciation sur le futur proche de l’économie française : un monde.
Dans sa note de conjoncture semestrielle présentée jeudi, l’Institut national de la statistique et des études économiques dresse le tableau d’une économie française sur le point d’entrer en hibernation. L’Insee prévoit que la croissance ne dépassera pas 1,6 % en 2008, du fait d’un retournement immobilier et d’un retour en force de l’inflation qui annulera les gains de pouvoir d’achat des ménages, de la consommation et, in fine, de la croissance. L’institut n’exclut même pas «une incursion en territoire faiblement négatif» (c’est-à-dire quelques mois de récession), comme le dit dans sa note Eric Dubois, chef du département de la conjoncture.
Consensus. Ce tableau noir qui, selon l’Insee, n’augure rien de bon pour 2009, l’entourage de Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, n’y croit pas. Il s’agit, dit-on, d’une «prévision exagérément pessimiste, assez systématique, de l’Insee» (d’abord annoncée à 1,9 % par l’institut, la croissance pour 2007 avait été revue à la hausse trois mois plus tard à 2,2 %). Selon Bercy, le statisticien de la maison France sous-estime l’impact sur la croissance des 200 000 créations d’emplois attendues en 2008 (contre 352 000 en 2007) et sa prévision est - très légèrement - inférieure au consensus des économistes (1,7 %) et à celle de l’OCDE (1,8 %). Et le jour où l’Insee anticipait cette croissance quasi nulle sur la deuxième partie de 2008, le ministre du Budget, Eric Woerth, maintenait sa prévision de 1,7 à 2 % de croissance du PIB en 2008.
Alors que l’Insee voit la France rattrapée par les chocs planétaires en cours (crise financière, euro fort, flambée des matières premières agricoles et du pétrole, etc.), les conseillers de Lagarde cherchent à relativiser par tous les moyens leur impact sur l’activité. «A l’heure d’un troisième choc pétrolier, loin de nous l’idée de sous-estimer ces phénomènes, note l’un d’eux. Mais on ne voit pas, par exemple, de contraction du crédit en France, et c’est l’Insee elle-même qui fait remarquer que certaines de nos réformes, comme la suppression des marges arrières, auront un effet très rapide sur les prix ! Pour tout dire, on ne comprend pas très bien leurs raisonnements.»
«Pire». A l’Institut, on refuse de commenter ces «polémiques politiciennes». Mais au parti socialiste, on ne se prive pas de dire, comme l’a fait hier son secrétaire national à l’économie Michel Sapin, que ces prévisions «confortent l’analyse que le PS fait de la situation économique française . Le pire est à venir», conclut un Michel Sapin plus raccord avec l’Insee que le gouvernement.
CHRISTOPHE ALIX
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