Dimanche 28 septembre, Malalai Kakar a été tuée d'une balle dans la tête devant son domicile alors qu'elle se rendait à son travail. Cette policière qui dirigeait le département des crimes contre les femmes de la police de Kandahar, symbolisait la lutte pour l'émancipation féminine dans l'Afghanistan post-talibans. Peu après l'annonce de sa mort, un porte-parole islamiste s'est publiquement réjoui d'avoir réussi à l'atteindre. "Nous avons tué Malalai Kakar. Elle était notre cible, et nous avons réussi à l'éliminer", a-t-il déclaré à l'AFP. Les talibans ont multiplié les attaques contre les femmes occupant des postes à responsabilité, en particulier dans la police. En juin, Bibi Hoor, une lieutenante âgée de 26 ans, a été abattue par balle dans la province de Heart, après avoir refusé de quitter son emploi.
Malalaï Kakar, âgée de près de 40 ans,avait le grade de capitaine et dirigeait le département des crimes contre les femmes de la police de Kandahar, la grande ville du sud du pays, berceau des talibans, qui l'avaient menacé à plusieurs reprises.
Originaire d'une famille de policiers, Malalai Kakar s'était engagée en 1982 alors que le pays était encore sous occupation soviétique. Après la prise de pouvoir des talibans, elle avait été sommée de quitter la police. Mais dès la chute du régime islamiste en 2001, elle n'hésite pas à reprendre du service dans la ville de Kandahar, qui reste pourtant le fief de la milice. Pour sa sécurité – elle a été visée par plusieurs attaques –, elle ne se déplaçait jamais sans son arme. Elle cachait un pistolet sous sa burqa pour se rendre tous les jours au commissariat de police.
BRAS DE FER PERMANENT CONTRE LES TALIBANS
Au yeux des talibans, Malalai Kakar constituait un objectif privilégié. "Son bureau était devenu un refuge pour les femmes menacées ou maltraitées et elle s'opposait régulièrement aux décisions des juges conservateurs qui les renvoyaient dans leurs familles", écrit le quotidien britannique The Independent, qui l'avait rencontrée en 2003.
L'assassinat de Malalai Kakar témoigne d'un recul dans la lutte pour le droit des femmes en Afghanistan, dans un bras de fer permanent contre les talibans. Cette épreuve de force, Malalai Kakar la décrivait ainsi, il y a cinq ans, à un journaliste britannique : "Nous essayons de faire respecter la loi et la Constitution censée protéger le droit des femmes. Mais j'ai peur que nous perdions du terrain. Nous faisons face à de plus en plus d'obstacles. Au lieu de reprendre confiance en elles, les femmes ont chaque jour un peu plus peur des menaces."
Luc Vinogradoff
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lundi 29 septembre 2008
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