lundi 29 septembre 2008

Pour la CGT, le RSA « maintient dans la pauvreté »

Jacqueline Farache est une des trois représentants de la CGT au Conseil d'administration de la Caisse Nationale des Allocations Familiales. Elle explique les raisons de l'opposition de son syndicat au RSA.

Charente Libre. Lors de la réunion du conseil d'administration de la CNAF, fin août, la CGT a été la seule à voter contre le projet RSA alors que d'autres syndicats ont voté pour comme la CFDT et la CFTC, ou se sont abstenus (FO, CGC). Pourquoi cette position particulière de la CGT?
Jacqueline Farache.Nous avons voté contre parce que nous pensons que le RSA ne résoudra pas le problème de pauvreté des personnes concernées. Nous partageons certains des objectifs de base avancés pour le RSA, comme le fait que chacun puisse vivre dignement de son travail et que toute heure de travail soit rémunératrice. En revanche nous sommes beaucoup moins convaincus de la réalisation de l'objectif avancé de réduire le nombre de travailleurs pauvres, de lutter contre la précarité et l'exclusion. C'est sur cet aspect que s'est déterminée notre position.

Que faudrait-il aux yeux de la CGT pour que le RSA soit acceptable?
J.F.Il faudrait intégrer des éléments fondamentaux que ne porte pas le projet de loi. Le problème majeur est le manque de véritables emplois, de formations et d'accompagnement social offerts aux bénéficiaires des minima sociaux. Une partie des employeurs risquent d'accentuer leur politique de bas salaires et d'emplois précaires, sachant que les travailleurs pauvres auront le RSA. C'est une critique partagée par beaucoup d'observateurs.
Le RSA s'adresse en fait à ceux et celles qui vont retrouver un emploi quel qu'il soit : quelques heures par semaine, un quart-temps, un mi-temps. Une personne seule, à temps complet au niveau du Smic, ne bénéficiera pas du RSA.
C'est-à-dire que tous ceux, et ils sont majoritaires, qui ne pourront pas retrouver un emploi resteront au même niveau de ressources qu'actuellement. Il faut ensuite savoir que le RSA est à 447 euros mensuels pour une personne seule alors que le seuil de pauvreté est fixé à 880 euros. Un nombre très important de personnes vont ainsi rester très en-dessous de ce seuil de pauvreté. Pour nous, c'est inadmissible. Notre demande prioritaire est de réévaluer très sérieusement les minima sociaux, au moins au niveau du seuil de pauvreté. Or Martin Hirsch l'a dit et redit : il n'y aura rien sur cet aspect-là pour les personnes qui resteront sans emploi. Globalement, le RSA ne conduit donc pas à sortir les personnes de la pauvreté, mais plutôt à les y maintenir à un niveau à peine amélioré pour ceux qui travailleront.

Martin Hirsch avait pourtant affirmé, soutenu par beaucoup, que le RSA était l'outil le plus approprié pour réduire la pauvreté ?
J.F.Un des problèmes vient en partie du fait qu'on ne consacre que 1,5 milliard d'euros à cette réforme. En 2005, en lançant son projet, Martin Hirsch avait parlé d'un besoin de 4 à 5 milliards supplémentaires. Puis, récemment il avait dit qu'à moins de trois milliards d'euros il démissionnerait du gouvernement. Il n'a pas démissionné et on peut considérer qu'il a capitulé. De plus, ces 1,5 milliard seront prélevés, non sur les revenus du capital comme il l'est dit, mais sur une douzaine de millions d'épargnants soucieux de leur niveau de vie pour leurs vieux jours ou celui de leur famille en cas de décès. Enfin, les plus riches sont épargnés pour ce nouveau prélèvement grâce au bouclier fiscal, ce qui est scandaleux.

Propos recueillis
par Dominique GARRAUD

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