mardi 31 mars 2009



Poisson d’avril ! C’est juste un décret...



Le problème avec la proximité du 1er avril, c’est qu’on s’attend toujours à une bonne grosse farce. Et là, franchement, on y a pas coupé tous ces derniers jours avec cette enfilade de tartufferies, rodomontades, gros yeux, doigts rageurs tendus, noms d’oiseaux et compliments échangés à propos des scandaleux parachutes dorés, stock-options et bonus attribués à quelques uns dans des entreprises aidées par l’État et (ou) qui licencient. 
Le suspens haletant entretenu tout le week-end autour du dispositif gouvernemental se termine en soufflé au poisson d’avril tout dégonflé au fond d’un four mal réglé. 

Tout ce chahut, cette hyper-mobilisation du ban et de l’arrière ban gouvernemental, patronal, politique -voire international puisque notre chef du FMI national a même été réquisitionné pour faire les gros yeux- pour un minable petit décret qui ne changera rien. 

Qu’on en juge : d’abord il limite sa portée à 2010, ce qui signifie clairement que le gouvernement donne quitus aux patronat pour lui conserver intacts tous les mécanismes de la prédation sur les richesses créées. Ensuite il ne concerne que les sociétés cotées qui ont perçus des aides de l’État dans le cadre des mesures prises pour faire face à la crise, pas plus de 8 (les deux constructeurs automobiles et six banques). Échapperont donc aux foudres de l’Élysée et de Bercy toutes celles, toutes aussi cotées, qui se gavent de subventions et aides publiques de l’État, de la communauté européenne, des collectivités locales, des exonérations sociales et fiscales et qui continuent de garantir à leurs actionnaires et à leurs états majors des rémunérations qui n’ont rien à voir ni avec l’efficacité sociale et industrielle, ni avec la performance environnementale, ni avec une recherche et développement audacieuse. 

L’État persiste à mutualiser les pertes des entreprises, à laisser le patronat privatiser les profits, et cerise sur le gâteau, à s’interdire de gâter le dessert par une fiscalité qui s’attaquerait vraiment aux plus fortunés. L’État confirme sa posture de payeur aveugle en dépit de promesses et de rapports studieux sur les aides publiques.
Avec cette épisode qui ne va pas se clore par ce décret ridicule, Nicolas Sarkozy, mais aussi Laurence Parisot nous ont joué un fameux numéro dont le but est surtout de ne rien changer à la fin de la partie. Tout comme il y a quelques mois on nous faisait croire que la crise c’était juste la faute de quelques traders et banquiers véreux aujourd’hui, l’idée serait que c’est le manque d’éthique de quelques uns qui est la cause de tout. « Le scandale de la rémunération des chefs d’entreprises n’est pas nouveau ; il dure depuis déjà plusieurs années. Les discours du Président de la République, notamment sur l’esprit de l’entreprise, y ont largement contribué» a souligné la CGT vendredi dans un communiqué.
 
Elle rappelle que « la volonté du pouvoir en place, pour contraindre les droits sociaux, réduire le coût du travail, alléger les prélèvements sur le capital et multiplier les allègements des charges fiscales et sociales, obéit totalement à la même logique que les pratiques scandaleuses de rémunération des dirigeants d’entreprises. Ces pratiques vont aussi de pair avec la stratégie désastreuse de distribution des dividendes au détriment de l’emploi et de l’investissement productif : plus l’entreprise est financièrement rentable à court terme, plus ses dirigeants sont rémunérés. » 

Mais il y a une bonne nouvelle, c’est qu’après le 1er avril, vient toujours un 1er mai. Et celui qui s’annonce sera unitaire comme jamais depuis longtemps.

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