TOUT CHANGER... POUR QUE RIEN NE CHANGE... ET QUE TOUT RECOMMENCE COMME AVANT
La crise qui sévit maintenant depuis plus d’une année a mis en lumière une détestable pratique de gouvernance des pays comme des entreprises : donner l’illusion que les choses changent afin de perpétuer après la crise les mécanismes qui nous y ont précipité.
On en a encore eu l’écoeurante démonstration cette semaine avec les indécentes scènes de liesse à Wall-Street où l’on a célébré le retour de la bourse de New-York à meilleure fortune. Et les commentateurs de souligner qu’à nouveau de nouvelles bulles financières gonflent en attendant qu’elles nous pètent à la figure. Parce que, n’en déplaise à notre hyper-président pourfendeur des bonus, les réunions des G20 et les gesticulations médiatiques n’avaient pas d’autre objet que de masquer la vacuité de ces grand-messes.
Les faits sont là : tous les mécanismes financiers qui ont conduit nos économies dans cette crise sont perpétués, sauvegardés.
Ce mode de gouvernance qui consiste à surfer sur l’émotion et la légitime colère est à l’oeuvre aussi de manière dramatique à propos des suicides au travail ou à cause du travail. Au 25ème suicide chez France Télécom, quelque chose a bien changé. Didier Lombard a effacé le terme maladroit de « mode des suicides » de son discours pour le remplacer par « spirale tragique ». Sa communication y a gagné, mais, cependant, rien dans ses interventions ne laisse la place à une remise en cause des dogmes managériaux qui ont conduit des salariés à retourner la violence sociale contre eux-mêmes.
Il n’a pour l’heure annoncé que la création d'un numéro vert avec des « psychologues », le recrutement de médecins du travail et de DRH de proximité en plus, et la suspension des mobilités forcées de salariés, d'abord jusqu'au 31 octobre, puis jusqu'au 31 décembre. Par ailleurs il s’est engagé à ouvrir des négociations sur le stress.
Pour Annie Thébaud-Mony, chercheur en santé publique depuis 30 ans, « ce 25e suicide est la preuve que les mesures décidées » ne « permettent pas de redonner un maximum de confiance ». Selon elle, il faut s'attaquer à la « désorganisation du travail, qui altère l'estime de soi des salariés » et leur « redonner » des « marges de manoeuvres » et « une vraie reconnaissance ».
Quant au débat sur un « effet d’entraînement » lié au traitement médiatique de ces suicides, Annie Thébaud-Mony est catégorique : « il n'y a pas d'effet d'entraînement », pas « sur un fait aussi grave », car « c'est un acte personnel, c'est l'ultime acte de résistance face à une altération très forte des capacités de résistance du salarié ».
La marche silencieuse des salariés de Lannion qui ont défilé vendredi n’a pas masqué leur colère. Nombreux sont ceux qui n’avaient jamais participé à aucun mouvement, mais qui se sont sentis autorisés en mémoire de leur collègue, à protester en silence. Tandis qu’en marge du cortège, anonymement devant des caméras, des voix se sont élevées pour dire : « Y'en a marre… ils nous prennent pour des cons… » Ou plus froidement pour dénoncer le climat délétère qui règne dans l’entreprise.
lundi 19 octobre 2009
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