lundi 25 janvier 2010


Age de la retraite : droit d'inventaire ou liquidation ?

Le sujet des retraites est bien trop lourd d’enjeux sociaux pour qu’on l’aborde de la manière dont il a été traité cette dernière semaine.

Donner, comme vient de le faire Martine Aubry, un quasi sauf-conduit pour repousser au-delà de 60 ans l’âge de départ en retraite à«61 ou 62 ans»(«Je n'imagine pas qu'on aille plus loin», dit-elle), c’est un peu dire aux forces sociales: «fermez le ban». C’est aussi accepter de liquider un des acquis de la gauche au pouvoir qui figurait encore à l’inventaire, bien que malmené par les réformes successives.

Cette manière de prendre acte des réformes proposées ne sera pas d’un grand secours pour affronter Medef et gouvernement sur cette question alors que rien n’est joué sur cette question. Brandir la perspective du vieillissement démographique pour en faire une catastrophe ne permet pas hélas de bien poser les termes du débat.

La question de l’avenir de notre système de retraite reste, qu’on le veuille ou pas, celle du partage de la richesse créée. Et sur ce point, les trois scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites avaient montré que l’évolution de la part du PIB que notre pays devrait consentir pour financer les retraites d’ici à 2050 n’était pas insurmontable et qu’elle était en tout point comparable avec ce que la France consentait dans les années 70. Mieux, en mettant à contribution, non plus seulement les salaires, mais aussi les profits, on peut pérenniser notre système par répartition en maintenant les droits actuels et surtout sans risquer de faire peser sur les générations futures une charge insupportable.

La CGT ne se résoudra pas à de nouvelles mesures de recul de l’âge de la retraite alors que toutes les réformes (Balladur, Accord Agirc-Arrco, Fillon) ont conduit à une baisse des pensions qui commence à prendre effet sur les retraites liquidées aujourd’hui. Reculer l’âge de la retraite, allonger la durée d’assurance pour une retraite à taux plein, introduire des mécanismes de décote ont eu, et auront encore durablement, pour effet de faire baisser le niveau de vie des retraités. La réforme des retraites ne peut être abordée sans reposer l’exigence d’une reconnaissance de la pénibilité pour un départ en retraite avant 60 ans.

Elle doit aussi permettre de poser la question de la réforme du financement des retraites permettant de pérenniser le système par répartition. Mais cette éventualité est rejetée catégoriquement par le patronat qui ne veut plus consentir le moindre euro supplémentaire au financement des retraites. Quelque part, accepter comme seul alternative un nouveau recul de la protection sociale, c’est lui donner quitus.

C’est oublier que toutes les richesses que le patronat refuse de partager ont alimenté les bulles spéculatives qui ont précipité le monde dans la crise.

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