Chômage : quatre vérités que Lagarde ne vous dira pas
Par Pierre Larrouturou et Djamila Sonzogni | Membres d'Europe Ecologie | 30/08/2010 |
Depuis quelques jours, Christine Lagarde est dans tous les médias pour « se féliciter » des bons chiffres du chômage. Hélas, si l'on s'intéresse vraiment à la vie des salarié(e)s (actifs ou au chômage) et si l'on regarde de près les chiffres du ministère du Travail, on constate qu'il n'y a aucune raison de se féliciter des évolutions en cours :
1 Le nombre total des inscrit(e)s n'a jamais été aussi élevé
Ils sont 4 574 000 inscrit(e)s, sans compter 300 000 chômeurs de plus de 58 ans dispensés de recherche d'emploi et 217 000 chômeurs dans les départements d'outre-mer. En deux ans, le nombre total de chômeurs a augmenté de 1 150 000. C'est du jamais vu dans notre pays.
2 Evolution du nombre d'inscrits à Pôle emploi depuis juillet 2006
Le « flux » des nouveaux arrivants est toujours aussi impressionnant
Pas moins de 505 000 hommes et femmes se sont inscrits au chômage en juillet, et 505 000 en un mois, c'est absolument catastrophique !
D'où vient l'impression d'accalmie qui permet à Chiristine Lagarde de parler d'une « stabilisation du chômage » ? Pourquoi la courbe qui récapitule le « stock » de chômeurs ne monte-t-elle pas de façon verticale ?
Parce que, dans le même temps, 495 000 personnes ont quitté Pôle emploi. Mais sur ces 495 000 sorties, il n'y en a que 104 000 qui déclarent avoir retrouvé un emploi. Il y a un flou pour 100 000 d'entre eux, mais le ministère lui-même admet que « moins de 40% de ceux qui quittent Pôle emploi retrouvent un emploi ».
3 La majorité de ceux qui quittent Pôle Emploi sont en fin de droits
Ils ont été licenciés il y a un an ou deux et n'ont plus droit aux indemnités. Ils sont dans la précarité la plus totale : ils vont survivre -ou sousvivre- avec le RMI-RSA… ou n'auront droit à aucune allocation si leur conjoint a un revenu correct. En deux ans, le revenu du couple a été divisé par deux, mais leur problème n'apparaît dans aucune statistique.
L'Insee estime que 400 000 ménages vont être confrontés cette année à cette situation : voir leurs revenus divisés par deux ! Mais ils ne sont plus comptés comme chômeurs, et Christine Lagarde ou Eric Woerth ne les croisent pas dans les dîners en ville…
4 Les CDD de moins de un mois représentent plus de 60% des embauches
Quant à celles et ceux qui retrouvent un emploi (il y en a quand même, heureusement), ils doivent de plus en plus se contenter d'emplois très précaires : l'Acoss, qui reçoit toutes les déclarations d'embauche, a publié en juillet une étude sur les embauches au deuxième trimestre.
Répartition des déclarations d'embauche au cours du 2e trimestre 2010
En résumé : jamais le chômage n'a atteint un tel niveau et jamais le marché du travail n'a connu une telle précarité. N'en déplaise à Christine Lagarde, il n'y a donc aucune raison de se féliciter de quoi que ce soit.
Alors que la croissance ralentit fortement en Chine et aux Etats-Unis, il faut en finir avec les mensonges et la méthode Coué. Il est urgent de mesurer la gravité de la crise et de se mettre au travail pour inventer une nouvelle politique de l'emploi. C'est l'objectif des Etats généraux de l'emploi et de l'écologie qu'Europe Ecologie - Les Verts viennent de lancer à Nantes.
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