Ne pas confondre : mesure pour les industriels
et politique industrielle
et politique industrielle
En matière de politique industrielle, on a vu quelle efficacité pouvaient avoir les coups de menton présidentiels et les timides quolibets à l’endroit des patrons et des grandes entreprises qui délocalisent et ferment des usines. Un résultat proche de zéro, si ce n’est en terme de communication. Le discours de Marignane la semaine passée emprunte à un autre registre bien connu de Nicolas Sarkozy: l’hypervolontarisme.
Les objectifs affichés sont là pour impressionner:
-augmenter de 25% de la production industrielle française d’ici fin 2015;
-pérenniser l’emploi industriel sur le long terme;
-favoriser un retour durable à une balance commerciale industrielle hors énergie excédentaire d’ici 2015;
-augmenter de plus de 2% la part de la France dans la valeur ajoutée industrielle européenne d’ici 2015.
Pour la CGT qui a été à l’origine de la proposition d’États généraux de l’industrie et qui a beaucoup fait pour que la politique industrielle revienne à l’agenda, ces annonces sonnent comme la reconnaissance que la France et l’Europe ne peuvent pas se passer d’une base industrielle solide, faite d’emplois stables, d’investissements réguliers, de recherche importante, de filières cohérentes.
Mais pour autant, la question de l’emploi qualifié, durable, de la formation et des salaires n’est pas placée au premier rang des priorités alors que c’est aux yeux de la CGT le levier principal d’une politique de développement industriel.
Les annonces de Marignane recyclent de vieilles recettes éculées où prédomine encore une approche en termes d’aides et d’exonérations en faveur des entreprises alors même qu’elles profitent de 80 milliards d’euros d’exonérations annuelles. Le problème de financement des activités industrielles n’est donc pas résolu. Si le discours reprend l’idée de recourir à l’épargne pour financer l’industrie, on est encore loin de la création d’un «pôle public financier» et d’un «fonds national pour l’emploi, la formation et le développement» que propose la CGT.
Le problème des aides et exonérations, distribuées hors de tout contrôle démocratique et sans obligations de résultats, c’est qu’elles créent des effets d’aubaine mais ne permettent pas de développement économique, social et industriel durable. Des mesures pour les industriels ne font hélas pas une vraie politique industrielle.
Ces questions seront au centre des débats que la CGT des ingénieurs, cadres et techniciens entend continuer à mener, notamment le 5 mai à «l’Usine» à Saint Denis lors d’une rencontre-débat autour du thème: «D’une industrie productiviste à une industrie et des services ouverts sur la société»avec deux tables rondes: «Écologie et industrie» et «Services publics-aménagement du territoire et dynamique industrielle». Prenez date.
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