Retraites : une réforme brutale,
des signaux forts pour les financiers
des signaux forts pour les financiers
Lorsque la crise grecque avait éclaté, beaucoup s’étaient émus du pouvoir insensé des agences de notation qui avaient précipité le pays dans le chaos.
Le Secrétaire général de la CGT avait alors affirmé que notre pays avait aussi beaucoup à redouter de ces milices privées de la finance, notamment pour ce qui était de la réforme des retraites qui s’annonçait déjà comme une série de signaux pour les agences de notation. Cette assertion de Bernard Thibault s’est, hélas, révélée exacte. C’est ainsi que dans une chronique sur France Inter jeudi, le journaliste Philippe Lefebure révèle qu’il y a bien eu deux conférences de presse pour présenter la réforme des retraites.
D’un côté le ministre du Travail rue de Grenelle, de l’autre au ministère des Finances à Bercy pour un rendez-vous « off » sans caméra ni micro afin d’expliquer combien cette réforme était faite pour caresser dans le sens du poil les agences de notation internationales.
Voici un extrait de sa chronique sur France Inter le 17 juin : « Cette conférence de presse, […] avait pour but d’expliquer comment cette réforme des retraites va faire du bien à l’économie et aux finances françaises, et comment "Bercy" va pouvoir la "vendre" aux investisseurs qui financent notre dette et nos déficits, en achetant nos Bons du Trésor. En toile de fond, cette réforme sert donc, aussi à défendre la note internationale de la France, aujourd’hui au plus haut niveau, le triple A.
Alors, pas de surprise, "pour Bercy", c’est une bonne réforme. Parce qu’elle envoie aux marchés, les bons signaux. Des signaux clairs et immédiatement compréhensibles pour un investisseur étranger qui se dit, souvent, dérouté par notre système complexe. Ainsi, le relèvement de l’âge légal de 60 à 62 ans, c’est facile à vendre : la France rejoint la moyenne européenne. Encore plus clair : le relèvement de 65 à 67 ans de l’âge de la pension complète : là, la comparaison avec l’Allemagne de-vient aisée. Et même flatteuse, si on en croit "Bercy" : la France atteindra le seuil de 67 ans, soit 10 ans, avant l’Allemagne, qui le prévoit pour 2031 !
Les Fonds de pensions vont adorer. D’une façon générale, c’est le rythme de la réforme qui plait à "Bercy" : le relèvement des seuils d’âge, en France, va être 2 à 4 fois plus rapide qu’en Allemagne, donc, qu’au Royaume-Uni et qu’aux Etats-Unis. La montée en charge rapide de ses mesures, son horizon très court, (2018, mais avec un effet sur les finances publiques, affiché dès 2013) : c’est aussi ça cette réforme des retraites. »
Depuis l’annonce officielle des mesures de cette réforme, chacun fait ses comptes pour juger de ce qu’il ou elle va perdre. Les salariés savent désormais à quelle sauce ils pourraient être mangés si cette réforme brutale passait en l’état. Il va beaucoup dépendre de la mobilisation ce jeudi 24 juin et dans les mois à venir jusqu’au débat parlementaire. Il est à noter que l’unité syndicale tend à se renforcer ce qui est gage d’efficacité.
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