La Mare aux Canards
Le Sénat attend les consignes de Sarko
« ON joue au poker menteur. » Ce constat désabusé est d'un proche de François Chérèque, après deux semaines de tentatives de parlote avec le gouvernement et les sénateurs. « Chacun sait que c'est Sarkozy qui pilote en direct. Les amendements, y compris ceux que Gérard Larcher a déjà annoncés, viendront directement de l'Elysée », lâche un responsable de FO. Avant de confesser son scepticisme: « Toute la question est de savoir ce que nous pouvons faire face à un type qui ne veut pas bouger, même avec 5 millions de manifestants dans la rue. » En écho, un responsable CFDT fait un voeu: « Si au moins le pouvoir évoluait sur les aspects les plus injustes. » Cela arrangerait, effectivement, bien les choses.
Pour l'instant, le grain à moudre se soupèse sur des balances d'apothicaire. L'Elysée a laissé entendre, la semaine dernière, qu'un petit geste pourrait être fait en faveur des femmes ayant élevé trois enfants. Woerth semble réticent.
Peut-être pour se garder une marge de négociation? Une autre petite gâterie concernerait la pénibilité, mais uniquement dans les branches professionnelles qui ont déjà négocié des accords. Or Laurence Parisot, la patronne des patrons, a d'ores et déjà opposé un « niet » à toute discussion. Quant à l'idée lancée par le président du Sénat de reporter de quelques années le passage à 67 ans de l'âge limite permettant d'obtenir une pension à taux plein (pour les salariés qui n'ont pas une carrière complète), Sarko a fait savoir qu'il ne voulait pas en entendre parler. Tout dépendra peut-être de la clameur de la rue.
EN DÉCOUDRE OU PAS
A quatre jours de la manifestation du jeudi 23 septembre, la quasi-totalité des grands stratèges syndicaux avouaient être agréablement surpris par les « retours » de la base. Selon eux, celle-ci a envie d'en découdre, et les boules de cristal annoncent encore des forêts de banderoles. La question pour les syndicats est doncà nouveau, de définir une suite.
Le « sommet » qui se tiendra au lendemain de la manif ressemblera, à cet égard, plus à une discussion entre Sarko et Barroso qu'à une sonate d'automne. D'un côté, Mailly (FO) réclame toujours « sa » grève reconductible mais n'a pas les moyens de lancer seul un pareil mouvement. De l'autre, Thibault ne cherche même plus à cacher l'agacement que lui inspire son camarade de FO et dénonce publiquement ses « incantations ». Entre eux deux, la CFDT caresse l'idée d'une grande manif le week-end pour drainer les salariés du privé qui risquent de perdre leur boulot s'ils font grève en semaine... Idée dont Mailly ne veut même pas discuter.
A ses yeux, une manif sans la grève qui va avec est aussi insipide qu'une soupe sans sel. La pénibilité dans les rapports entre syndicalistes devrait être elle aussi prise en compte...
mercredi 22 septembre 2010
LU DANS LE CANARD ENCHAÎNÉ
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