Retraites: les syndicats piétinnent le scénario de l'Elysée
Laurence DequayTout était scénarisé? Apparemment non. Car les syndicats viennent de prendre une décision qui, c'est certain, ne faisait pas partie du plan de Nicolas Sarkozy : l'organisation d'une nouvelle journée de grève et de manifestation nationales le 23 septembre.
Déjouer le calendrier ultra-serré de la réforme des retraites concocté par la Présidence pour que s’engage enfin, dans le pays, un large débat sur le financement des pensions: telle était la gageure principale des organisations syndicales réunies mercredi à Montreuil, au siège de la CGT au lendemain de leur mobilisation réussie du 7 septembre.
Pour parvenir à cet objectif, CGT-CFDT-CFTC-FSU et l’UNSA (1) ont donc fixé deux rendez-vous phare.
Le 15 septembre, elles partiront à l’assaut des députés et des sénateurs afin que les élus de la nation amendent radicalement le projet de réforme du Président, unanimement jugé injuste en dépit des arrangements à la marge concédés en matière de carrière longues ou de pénibilité.
Puis une semaine plus tard, le 23 septembre, premier jour d’examen du texte au Sénat, elles monteront la pression d’un cran en organisant de nouvelles grèves et manifestations qu’elles espèrent monstres dans tout l’hexagone. De façon à arracher à l’Elysée le maintien de l’âge légal de la retraite à 60 ans et celui de la pension à taux plein à 65 ans.
Largement influencé par la CFDT, ce contre-calendrier d’élargissement des mobilisations doit permettre à toutes les organisations de salariés de déposer les préavis légaux d’arrêt de travail, comme à tous les citoyens du privé, qui rencontrent des difficultés à se déclarer grévistes, de prendre leurs disponibilités.
Il joue également des lignes de faille de la droite.
« Dans notre pays, le Président va constater que la messe n’est pas dite lorsqu’il a parlé, a martelé Marcel Grignard, le porte-parole de la centrale de François Chérèque qui en 2003 avait paraphé, seule, l’allongement de la durée de cotisations voulu par François Fillon. Nous espérons que les Sénateurs plus indépendants de leur parti que les députés UMP, sauront préserver la cohésion sociale mise à mal par ce texte ! »
Ainsi, pour Nicolas Sarkozy qui pensait accrocher à la hussarde, à son plastron, une médaille d’honneur de réformateur avant la fin octobre, cette nouvelle donne sociale présente un risque évident : celle d’une radicalisation de l’opinion, déjà perceptible le 7 septembre dans les slogans claironnés par les manifestants.
(1) Sans signer le communiqué parce qu’ils souhaitaient une journée de grève plus rapide, Force Ouvrière et Solidaires se sont déclarés attachés à l’unité d’action syndicale.
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