lundi 15 novembre 2010
C’est donc sans surprise que François Fillon se succède à lui-même à Matignon après un faux suspens entretenu depuis des mois à l’Élysée sur fond de contestation sociale contre la réforme des retraites.
Parvenu au plus bas dans les sondages, l’exécutif n’a pas fait mystère de son ambition d’afficher une image plus sociale afin de ne pas totalement carboniser la candidature de Nicolas Sarkozy en 2012. Alors bien entendu, on va peser, jauger, parier et supputer entre les gages donnés à la droite la plus dure et les profils plus ou moins sensibles au social.
Ce dimanche, alors que François Fillon était annoncé Premier ministre, les éditorialistes de l’instant listaient les dossiers de la négociation sociale que le prochain gouvernement allait pousser. En commençant par les retraites complémentaires. C’est un peu vite oublier que ce dossier est déjà daté, puisque les négociations sur les accords régissant l’AGIRC et l’ARRCO s’ouvriront entre patronat et syndicats le 25 novembre.
L’intervention de l’Élysée et de Matignon dans ces discussions ne pourrait avoir que deux buts.
Le premier serait de faire croire qu’elles relèvent du gouvernement, ce qui n’est pas le cas et ne l’a jamais été. Le second serait de faire pression sur le calendrier comme l’a déjà fait Nicolas Sarkozy sur d’autres sujets tel que la reconnaissance de la pénibilité. Non pas pour contraindre le patronat à céder, mais au contraire pour empêcher la mobilisation sociale.
L’autre sujet serait l’emploi des seniors dont on sait quel vœu pieux il a toujours été. La réforme des retraites a en effet permis de mettre en lumière l’absurdité et l’injustice des mesures sur les bornes d’âge, dans un contexte qui prive d’emploi les salariés en fin de carrière. Elle a aussi mis au grand jour la question de l’emploi des jeunes que le recul de l’âge de la retraite et l’allongement de la durée de cotisation vont durablement écarter du marché du travail.
La précipitation et l’accélération ont toujours été la marque de fabrique de Nicolas Sarkozy.
Cette fois, on peut dire que la précipitation à remanier son gouvernement a quelque chose à voir avec la volonté affichée par les organisations syndicales de «poursuivre la mobilisation dans l’unité en faisant du 23 novembre une journée nationale interprofessionnelle de mobilisation par des actions multiformes. Ces actions doivent répondre aux préoccupations des salariés et permettre la participation du plus grand nombre».
Par ailleurs, elles s’engagent à «participer activement à la journée d’action Européenne du 15 décembre pour s’opposer aux plans d’austérité qui se multiplient en Europe». Il y a donc lieu de dire que l’Élysée, Matignon, comme le Medef n’en ont pas fini avec le dossier des retraites mais aussi avec toutes les questions revendicatives.
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