Accident du travail. Barbara, 22 ans, avait été recrutée il y a quinze jours comme serveuse « Chez Georges », le restaurant à huîtres et poissons géré par Alain Cellerier. Elle est décédée lundi après-midi dans un ascenseur de type monte-charge, à la suite d’un terrible concours de circonstances.
« Mourir comme cela, et si jeune, c’est dramatique… Nous sommes tous choqués », confie une vendeuse qui se souvient d’une « grande brune, aperçue une ou deux fois, et recrutée mi-novembre. » Comme d’autres, elle prend sur elle pour faire son travail le mieux possible, et servir avec le sourire les clients qui ne sont, pour la plupart d’entre eux, pas au courant de la terrible nouvelle.
Depuis lundi soir, tous les commerçants des Halles de Lyon pensent - sans forcément connaître son prénom - à Barbara, cette jeune femme de 22 ans morte à la suite d’un terrible concours de circonstances, alors qu’elle descendait des caisses de vin vides par un ascenseur de type monte-charge. L’accident a eu lieu lundi après-midi chez l’écailler « Chez Georges », géré par Alain Cellerier.
La victime a été prise à la gorge par la chute d’une caisse, pendant la descente de l’ascenseur, dans lequel elle était entrée en reculant : le chargement était empilé sur un diable qui a vraisemblablement frotté le mur, provoquant peut-être un déséquilibre des caisses et l’enchaînement fatal, jusqu’à la strangulation. « On se sent tous concernés par cet accident » dit, les yeux rougis, Alain Cellerier, qui a fait intervenir hier une cellule psychologique pour aider ses salariés.
Sous le choc, le gérant cherche ses mots : « En cinquante ans de métier, je n’ai jamais connu ça. Je pense à cette jeune fille… Il y a quinze jours, on lui avait fait signer un contrat de trois mois, pour un premier essai. Elle voulait rester chez nous, c’était une professionnelle qui travaillait comme serveuse. Une fille très bien. » « Barbara », témoigne un de ses collègues, « elle était pleine de vie, et la restauration, c’était sa vie, le métier qu’elle voulait faire.»
Décrite comme « bosseuse », la jeune femme avait un CV prometteur : elle avait déjà travaillé deux ans en alternance comme serveuse à l’hôtel/restaurant de la Cour des loges, à Lyon. Seule l’enquête en cours permettra d’établir précisément ce qui a pu se passer lundi. Alain Cellerier assure que « tout est en règle chez nous au niveau des documents (de sécurité) » et que « le monte-charge est régulièrement entretenu ».
Mais par précaution, le gérant a fait supprimer « toute possibilité de manœuvrer le monte-charge de l’intérieur » : « On est maintenant obligé de mettre le chariot à l’intérieur puis de prendre les escaliers pour réceptionner le chargement ». Sur la porte de l’appareil a été apposée cette affiche : « Monte-charge réservé à la marchandise. Personnel interdit ». « C’est une terrible malchance, car descendre avec les monte-charge, on le fait des milliers de fois sans qu’il ne se passe rien », glisse l’employé d’un autre commerce. Cela permet parfois de gagner du temps. «
Cet accident dramatique nous affecte tous, réagit Claude Polidori, le président des commerçants des Halles. Mais je tiens à dire que tous les contrats de mise aux normes des ascenseurs et monte-charge sont vérifiés régulièrement par la Ville ».
> Nos démarches pour contacter la famille de la victime n’ont pas abouti.
La réaction de la Ville
« Nous ressentons une vive émotion et sommes consternés après ce terrible accident qui a fauché une employée dans la jeunesse de l’âge » réagit Marie-Odile Fondeur, adjointe au Commerce à la mairie de Lyon. « Ce drame, dont les circonstances restent à préciser, touche toute une famille. Nous sommes de tout cœur avec eux. Qu’ils sachent que nous sommes là pour les soutenir ». L’adjointe rappelle que, si les Halles sont la propriété de la Ville, l’entretien des monte-charge revient aux locataires des espaces. « Et ils sont entretenus » insiste-t-elle, en recommandant aux commerçants d’être « vigilants » dans l’utilisation de ces appareils.
Nicolas Ballet
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