vendredi 9 mars 2012

EXPLOSION DE RUPTURES À L'AMIABLE


 

 Alors que le chômage flambe, le nombre de ruptures conventionnelles est en hausse constante.



En trois et demi d'existence, les ruptures conventionnelles c'est-à-dire les séparations à l'amiable entre un patron et un salarié n'ont cessé de monter en puissance pour atteindre, en 2011, des chiffres record : selon le bilan mis à jour par la Dares (direction des études du ministère du Travail), 27 016 ruptures à l'amiable ont été homologuées en décembre 2011, soit une hausse de 3,7 % sur un mois et de 12,9 % par rapport à décembre 2010. Après 255 000 ruptures enregistrées en 2010, 288 988 l'ont été en 2011. 

Entré en vigueur en août 2008, le dispositif représente 12,9 % des motifs de sortie de CDI au premier semestre 2011, après les démissions (63 %) et licenciements pour autres raisons (19 %). La rupture à l'amiable du contrat de travail est désormais deux fois plus utilisée que les licenciements économiques (6 %). 

Ce dispositif est pourtant loin d'être idyllique. On dénombre moult exemples de ruptures à l'amiable retoquées par les juges prud'homaux. Seul syndicat non signataire de l'accord de 2008, la CGT critique une pratique qui permet aux entreprises de faire l'économie de plans sociaux, de reclassements et de déguiser des préretraites. Selon le syndicat, l'explosion du nombre de demandeurs d'emploi liée à cette procédure de rupture conventionnelle creuse le déficit de l'Unedic. Le surcoût est estimé à 1,3 milliard d'euros. 

La corrélation saute d'ailleurs aux yeux : au troisième trimestre 2011, le nombre de ruptures à l'amiable a explosé, avec 72 872 homologations, soit une hausse de 16,6 %, alors que, sur le reste de l'année, la progression oscille entre 12 et 13 % selon les trimestres. Sur la même période, le nombre de chômeurs a augmenté de 1,42 %. Le ministère du Travail précise bien que cette cassure du contrat ne peut être utilisée « pour contourner les règles du licenciement économique ». A bon entendeur

Alexandra Chaignon

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