lundi 2 avril 2012

Chronique d’un sinistre social annoncé

Il est une information sociale qui est un peu passée inaperçue jeudi dernier. En effet, quelques semaines après le lancement tonitruant d’un nouvel opérateur en téléphonie mobile, Free, le syndicat patronal des centres d’appel a indiqué qu'il redoutait "une dégradation de la situation du secteur de la relation client à distance", estimant que "l'arrivée de Free menace jusqu'à 10.000 emplois". Ce syndicat d’employeurs juge que "l'arrivée de Free constitue une destruction de valeur considérable". "Il déstabilise les opérateurs historiques qui sont dans l'obligation d'effectuer des coupes budgétaires drastiques dont les centres d'appels sont les premiers concernés", ajoute le SP2C, qui juge "de son devoir de signaler les conséquences désastreuses en matière d'emploi".

Le terme est bien choisi : « signaler ». En fait, les patrons de ce secteur qui se distingue par un management des plus humanistes, sont en train de nous annoncer un sinistre majeur sur l’emploi. Et là, on peut et on doit se poser la question : pourquoi les pouvoirs publics ont-ils accordé une licence d’opérateur télécom à Free alors qu’il annonçait son arrivée avec des tarifs défiant toute concurrence ? Faut-il être aveugle ou complice pour ignorer que la concurrence s’exerce dans ce domaine, comme dans bien d’autres, sur la variable humaine, sur la qualité du service rendu, sur les conditions de travail. Dans cette affaire, le gouvernement est complice d’aveuglement. Les partisans de la concurrence « libre et non faussée » qui nous promettaient que le secteur des télécommunications s’épanouirait avec l’arrivée de concurrents à l’opérateur historique n’ont vraiment honte de rien. Non seulement on prend les consommateurs pour des pigeons, mais en plus, on joue avec les conditions de vie et de travail de quelques 130 à 170 000 salariés des plateformes téléphoniques et les centaines de milliers d’autres qui évoluent dans ce secteur ultra libéralisés. Free est libre comme un renard dans le poulailler. Ses concurrents et précurseurs dans ce domaine ont déjà expérimenté des méthodes de management délétère au nom de la guerre des prix. Personne ne pouvait l’ignorer. A l’époque où le nouvel arrivant cassait la baraque dans la téléphonie portable après avoir fait ses premières dents sur les offres internet, il s’est trouvé peu de journalistes pour s’interroger sur ce moins disant social. Comme si, éblouis par les phares comme un lapin sur une départementale, tout le monde avait oublié les suicides à France télécom.

Le site : UGICT.fr

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