Il est une information sociale qui est un peu passée inaperçue jeudi
dernier. En effet, quelques semaines après le lancement tonitruant d’un
nouvel opérateur en téléphonie mobile, Free, le syndicat patronal des
centres d’appel a indiqué qu'il redoutait "une dégradation de la
situation du secteur de la relation client à distance", estimant que
"l'arrivée de Free menace jusqu'à 10.000 emplois". Ce syndicat
d’employeurs juge que "l'arrivée de Free constitue une destruction de
valeur considérable". "Il déstabilise les opérateurs historiques qui
sont dans l'obligation d'effectuer des coupes budgétaires drastiques
dont les centres d'appels sont les premiers concernés", ajoute le SP2C,
qui juge "de son devoir de signaler les conséquences désastreuses en
matière d'emploi".
Le terme est bien choisi : « signaler ». En fait, les patrons de ce
secteur qui se distingue par un management des plus humanistes, sont en
train de nous annoncer un sinistre majeur sur l’emploi. Et là, on peut
et on doit se poser la question : pourquoi les pouvoirs publics ont-ils
accordé une licence d’opérateur télécom à Free alors qu’il annonçait son
arrivée avec des tarifs défiant toute concurrence ? Faut-il être
aveugle ou complice pour ignorer que la concurrence s’exerce dans ce
domaine, comme dans bien d’autres, sur la variable humaine, sur la
qualité du service rendu, sur les conditions de travail. Dans cette
affaire, le gouvernement est complice d’aveuglement. Les partisans de la
concurrence « libre et non faussée » qui nous promettaient que le
secteur des télécommunications s’épanouirait avec l’arrivée de
concurrents à l’opérateur historique n’ont vraiment honte de rien. Non
seulement on prend les consommateurs pour des pigeons, mais en plus, on
joue avec les conditions de vie et de travail de quelques 130 à 170 000
salariés des plateformes téléphoniques et les centaines de milliers
d’autres qui évoluent dans ce secteur ultra libéralisés. Free est libre
comme un renard dans le poulailler. Ses concurrents et précurseurs dans
ce domaine ont déjà expérimenté des méthodes de management délétère au
nom de la guerre des prix. Personne ne pouvait l’ignorer. A l’époque où
le nouvel arrivant cassait la baraque dans la téléphonie portable après
avoir fait ses premières dents sur les offres internet, il s’est trouvé
peu de journalistes pour s’interroger sur ce moins disant social. Comme
si, éblouis par les phares comme un lapin sur une départementale, tout
le monde avait oublié les suicides à France télécom.
Le site : UGICT.fr
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