dimanche 18 novembre 2012

Les syndicats remontés contre le texte du Medef




Lors de la négociation hier, le patronat a présenté un document qui pousse les feux de la déréglementation du travail. Le volet de sécurisation des salariés est quasi absent du texte.

 


Alors que la cinquième séance de négociation sur la sécurisation de l'emploi s'ouvrait hier, entre le patronat (Medef, CGPME et UPA) et les syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO et CFE-CGC), le texte patronal a cristallisé le mécontentement. Après avoir tardé à présenter son document, faisant piétiner la discussion, le Medef a exigé un maximum de flexibilité. En proposant de faciliter la rupture du CDI, de simplifier le licenciement économique et de cadrer les accords de compétitivité-emploi, sans réelle contrepartie pour le salarié, il a poussé le bouchon trop loin, estiment les négociateurs syndicaux. « Le Medef veut sécuriser la rupture du contrat de travail », s'enflamme Agnès Le Bot pour la CGT. 

Pour Patrick Pierron, de la CFDT, « la flexibilité est très présente dans le texte alors qu'il reste très vague sur le recul de la précarité sur les salariés ». Les deux syndicats ont constaté que le patronat n'apparaissait pas très « calé » sur ses propositions. Le désaccord entre le Medef et la CGPME sur la taxation des contrats courts ne semble pas apaisé. La modulation des cotisations d'assurance chômage pour les contrats précaires ne figure pas clairement dans le document. Elle constitue pourtant l'une des grandes attentes des syndicats dans la négociation. Stéphane Lardy, de FO, estime qu'« il n'y a aucune contrepartie pour les salariés dans ce texte ». 

En effet, les propositions comme l'élargissement de la couverture complémentaire prévoyance pour les salariés et les chômeurs, la facilitation de l'accès au logement pour les CDD ou le rattachement du compte individuel de formation à la personne paraissent déséquilibrées face aux sacrifices imposés par le patronat aux salariés. Pour ­Marie-Françoise Leflon, de la CGC, ce document « vise à détricoter le droit du travail en période de crise économique. On est vraiment loin, loin, loin de ce que l'on pouvait attendre du ­patronat ». Pour Joseph Thouvenel, de la CFTC, le temps presse. « Avec 5 millions de chômeurs, il y a le feu au lac et le patronat veut remettre de l'huile sur le feu. » Prenant le contre-pied de François Hollande, Agnès Le Bot estime que la négociation se dirige plutôt vers « une régression historique. Le Medef a obtenu son pacte de compétitivité la semaine dernière et fait de la surenchère ! Or on a besoin de repartir sur d'autres bases dans cette discussion ». La CGT aurait souhaité s'attarder sur la question des droits attachés aux salariés. 

Les syndicats ont demandé au patronat de préciser son texte. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la négociation n'est pas terminée. Si le dialogue de sourds perdure, il ne risque pas de déboucher sur un accord d'ici à la fin de l'année, comme le souhaite le président de la République. « Si on n'y arrive pas, il ne faudra pas se plaindre et ça sera au législateur de faire son travail », conclut Joseph Thouvenel. Prochaine séance le 30 novembre.

Cécile Rousseau

Aucun commentaire: