Lors de la négociation hier, le patronat a présenté un document qui pousse les feux de la déréglementation du travail. Le volet de sécurisation des salariés est quasi absent du texte.
Alors que la
cinquième séance de négociation sur la sécurisation de l'emploi s'ouvrait hier,
entre le patronat (Medef, CGPME et UPA) et les syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO
et CFE-CGC), le texte patronal a cristallisé le mécontentement. Après avoir
tardé à présenter son document, faisant piétiner la discussion, le Medef a
exigé un maximum de flexibilité. En proposant de faciliter la rupture du CDI,
de simplifier le licenciement économique et de cadrer les accords de compétitivité-emploi,
sans réelle contrepartie pour le salarié, il a poussé le bouchon trop loin,
estiment les négociateurs syndicaux. « Le Medef veut sécuriser la rupture du
contrat de travail », s'enflamme Agnès Le Bot pour la CGT.
Pour Patrick
Pierron, de la CFDT, « la flexibilité est très présente dans le texte alors
qu'il reste très vague sur le recul de la précarité sur les salariés ». Les
deux syndicats ont constaté que le patronat n'apparaissait pas très « calé »
sur ses propositions. Le désaccord entre le Medef et la CGPME sur la taxation
des contrats courts ne semble pas apaisé. La modulation des cotisations
d'assurance chômage pour les contrats précaires ne figure pas clairement dans
le document. Elle constitue pourtant l'une des grandes attentes des syndicats
dans la négociation. Stéphane Lardy, de FO, estime qu'« il n'y a aucune
contrepartie pour les salariés dans ce texte ».
En effet, les
propositions comme l'élargissement de la couverture complémentaire prévoyance
pour les salariés et les chômeurs, la facilitation de l'accès au logement pour
les CDD ou le rattachement du compte individuel de formation à la personne
paraissent déséquilibrées face aux sacrifices imposés par le patronat aux
salariés. Pour Marie-Françoise Leflon, de la CGC, ce document « vise à
détricoter le droit du travail en période de crise économique. On est vraiment
loin, loin, loin de ce que l'on pouvait attendre du patronat ». Pour Joseph
Thouvenel, de la CFTC, le temps presse. « Avec 5 millions de chômeurs, il y a
le feu au lac et le patronat veut remettre de l'huile sur le feu. » Prenant le
contre-pied de François Hollande, Agnès Le Bot estime que la négociation se
dirige plutôt vers « une régression historique. Le Medef a obtenu son pacte de
compétitivité la semaine dernière et fait de la surenchère ! Or on a besoin de
repartir sur d'autres bases dans cette discussion ». La CGT aurait souhaité
s'attarder sur la question des droits attachés aux salariés.
Les syndicats
ont demandé au patronat de préciser son texte. A l'heure où nous écrivons ces
lignes, la négociation n'est pas terminée. Si le dialogue de sourds perdure, il
ne risque pas de déboucher sur un accord d'ici à la fin de l'année, comme le
souhaite le président de la République. « Si on n'y arrive pas, il ne faudra
pas se plaindre et ça sera au législateur de faire son travail », conclut
Joseph Thouvenel. Prochaine séance le 30 novembre.
Cécile
Rousseau
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