mercredi 10 avril 2013

Le choc des mots

« Choc de compétitivité », « choc de simplification »,  « choc de moralisation » et qui sait encore quelle belle formule va-t-en-guerre les communicants de Matignon et de l’Elysée vont nous pondre, mais en attendant, les Français  sont bel et bien choqués, sidérés, dépités et amers devant cette affaire Cahuzac qui n’en finit plus d’enfler et de provoquer la nausée. 
 
Tant par les sommes en jeu dont la croissance est aussi fulgurante que celle des salaires et du pouvoir d’achat est désespérante.
 
On est ainsi passés d’une suspicion de 600 000 euros planqués à 15 millions. L’affaire est d’autant plus lamentable qu’elle nourrit le « tous pourris » et risque, sinon d’alimenter les voix du Front national, du moins de détourner encore un peu plus les Français du chemin des isoloirs.

S’il n’y a qu’un choc dont la France est demandeuse, c’est celui du social. C’est pour cela que François Hollande et les députés de sa majorité ont été élus. Ce choc social tarde à venir, il est même tellement scotché que de moins en moins de Français envisagent une amélioration de leur situation. C’est même pire puisque les sondages attestent d’un délitement de l’opinion sur des thématiques telles que le système de santé, la protection sociale, l’éducation.

Cette affaire a du coup fait passer au second plan, mais comment s’en étonner, une nouvelle page funeste du point de vue social : l’examen du projet de loi sur la flexibilisation du marché du travail, basé sur l’accord de régression sociale du 11 janvier 2013. Il  devrait se terminer ce mardi 9 avril au terme d’une bataille d’amendements et de six semaines de débat, tandis que le même jour la CGT et d’autres organisations syndicales opposées au texte défileront partout dans le pays. A Paris, le cortège partira en début d'après-midi de Montparnasse en direction de l'Assemblée nationale.

Cette mobilisation n’est pas un baroud d’honneur avant l’examen par le Sénat. D’ores et déjà, la volonté d’une transcription de l’accord à la virgule près a fait long feu. Les mobilisations du 5 mars, l’interpellation des parlementaires ont permis des premiers « bougés » entre l’Accord du 11 janvier et le projet de loi a noté la CGT. C’est ainsi que le salarié qui refuserait une mobilité forcée ou la suspension des garanties de son contrat de travail (salaire, horaires,..) ne serait plus licencié pour « motif personnel » mais subirait un licenciement « reposant sur un motif économique ». C’est bien le moins pour tenter de respecter le droit international ! Les délais fixés préalablement au CE pour qu’il rende son avis doivent lui « permettre d’exercer utilement sa compétence » et donc ne pourront pas être inférieurs à… quinze jours. Mais cela n’enlève rien à l’esprit du texte et ce projet de loi continue de sécuriser les licenciements et non l’emploi, de sécuriser la délinquance patronale et non les droits des salariés.

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