mercredi 5 juin 2013

Amiante : 18 ans de prison en appel pour l’ancien propriétaire d’Eternit suisse


Cette fibre a fait au moins 3000 morts, ouvriers ou riverains des usines d'amiante d'Eternit, en Italie. Un des responsables de cette hécatombe, un industriel suisse, a vu sa peine durcir de 2 ans, à 18 ans, en appel. C’est le plus grand procès au monde de l’amiante, et le premier au pénal.

Stephan Schmidheiny a été condamné pour "catastrophe sanitaire et environnementale intentionnelle" et infraction aux règles de la sécurité au travail dans les usines de produits à base d'amiante-ciment (tubes, plaques, etc). La Cour d'appel de Turin a donc durci la peine de 16 ans de prison à laquelle Stephan Schmidheiny, ancien propriétaire d'Eternit Suisse et ancien actionnaire important d'Eternit Italie (de 1976 à 1986), avait été condamné en février 2012 en première instance.

La Cour d'appel a en revanche abandonné les poursuites contre le baron Cartier, ancien actionnaire et administrateur d'Eternit Italie au début des années 70, décédé le 21 mai à l'âge de 92 ans.

A la mi-mai, le parquet avait requis 20 ans de réclusion à l'encontre des deux anciens propriétaires d'Eternit Italie, en dénonçant "des carences structurelles résultant de politiques d'entreprises décidées au niveau mondial".

Pour le procureur Guariniello qui a enquêté cinq ans avant d'arriver au procès de Turin, leur condamnation a donné "à tous en Italie et dans le monde entier, le droit de rêver que la justice peut et doit être faite".

Un encouragement pour les victimes
Le verdict de Turin "encourage la bataille des victimes des familles et des personnes honnêtes pour un monde meilleur sans amiante et sans cette soif des profits qui a conduit à sacrifier des vies humaines", a commenté l'Observatoire national de l'amiante, en annonçant qu'il continuerait d'essayer d'obtenir gain de cause pour "toutes les autres victimes tombées à cause des usines d'Eternit".

La conduite des dirigeants "a été non seulement irresponsable mais vraiment criminelle, des informations de base n'ont pas été données aux ouvriers, comme le fait que l'amiante est cancérigène", a dénoncé sur la chaîne Sky TG 24 Nicola Pondrano, de l'Association des victimes de l'amiante.

Selon lui, Eternit "a aussi laissé se consommer un vrai massacre dans des villes comme Casale Monferrato où 1.000 ouvriers et 800 habitants sont morts en partie aussi à cause de la dispersion des fibres et poussières". Le militant a souligné que l'amiante continue de tuer ou de rendre malade des gens qui ont aujourd'hui "36 ans, 48 ou 53 ans qui étaient des enfants d'ouvriers ou ont eu la malchance de naître à côté de l'usine".

Après la lecture du verdict, le président de séance a énuméré la liste des dédommagements reconnus aux nombreuses parties civiles dont 30,9 millions d'euros pour la ville de Casale Monferrato, où Eternit avait sa plus grande usine en Italie. La région Piémont s'est vu octroyer 20 millions d'euros de dédommagements.

L'audience de lundi a été marquée par une manifestation de syndicalistes et une délégation du Comité d'aide et d'orientation pour les victimes de l'amiante. Une centaine de victimes et familles françaises étaient aussi présentes à l'appel de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva).

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