Nouveau support d'évaluation des managers :
Encore plus de pressions pour les cadres !
écrit par
le collectif
CGT Schindler France
le 15/09/2014
Ce que nous apprend le rapport d’expertise
Les cadres sont aujourd’hui soumis à une charge de travail très importante incompatible avec le temps de travail. En plus de la journée au bureau tous travaillent à la maison, jusqu'à une heure avancée de la soirée et même en vacances. La direction nie en bloc cet état de fait.
Les cadres sont soumis à d’autres dimensions génératrices de mal être au travail. Les exigences émotionnelles qui les obligent à devoir cacher leurs émotions et la peur au travail. Cette fausse autonomie déclarée alors qu’il faut nourrir SAP et le siège de données inutiles. Ces relations au travail qui doivent être formatées, où il faut à la fois être « chef » et collègue en même temps.
Ce qui prédomine surtout c’est la peur du lendemain. La peur du licenciement, qui entraînerait la perte du salaire, de la voiture, des primes, fait accepter cette situation qui pourtant détruit la santé physique et mentale ou la famille. Parfois les deux.
Ce dispositif d’évaluation de la performance de Schindler est facteur de risques professionnels car :
● Il invite les personnes à se dépasser sans cesse au point de les faire basculer dans des pathologies de surcharge.
● Il peut provoquer, par un langage inadapté, des réactions émotionnelles extrêmement fortes et qui peuvent conduire à la décompensation psychopathologique.
● Il adresse aux responsables des demandes paradoxales (en restreignant leur autonomie et en leur demandant d’être souple et flexible).
● Il détériore les rapports sociaux et les relations de travail en exacerbant les situations de concurrence entre personnes.
● Il pousse certains managers à s’engager dans des actions qu’ils réprouvent (annoncer à un collaborateur qu’il est « inadapté » par exemple).
● Il fait douter les salariés quant à leur avenir professionnel en remettant sans cesse en cause leurs compétences (insécurité de l’emploi).
Nous publions ici les éléments de synthèse de l'enquête. Le rapport d'expertise peut être consulté en intégralité sur le site de la CGT Schindler
Ce système d’évaluation risque de majorer le sentiment d’insécurité au travail déjà perceptible dans l’entreprise suite aux récents changements d’organisation. En ce sens, c’est un facteur aggravant de risque psycho-social. Les salariés devront mobiliser des ressources supplémentaires pour lutter contre la peur de « tomber » dans les niveaux 1 ou 2. Ils le feront en renforçant des stratégies que nous avons identifiées au sein de l’entreprise : s’autocensurer, donner le change, ne pas montrer que « l’on est faible ». Ces stratégies ne protègent qu’un temps et risquent à terme d’altérer leur santé.
Nous voulons ici rappeler que la santé des salariés est en général préservée si leur contribution à l’effort commun pour atteindre les résultats attendus est reconnue. Cela suppose que le système d’évaluation soit juste et équitable.
Par ailleurs, le dispositif d’évaluation tel que nous l’avons analysé représente au moins 4 risques majeurs de pathologies à savoir :
Les pathologies post-traumatiques
Elles peuvent émerger suite notamment à l’annonce d’une « mauvaise nouvelle» (positionnement au niveau 1 par exemple) : sentiments d’amertume, de rancune, d’impuissance, etc. Classiquement, on décrit comme traumatisme tout événement de vie intense face auquel une personne est dans l’incapacité de s’adapter du fait de l’intensité des excitations ressenties, réelles ou perçues. Nous rappelons par ailleurs que les pathologies post-traumatiques ne sont pas uniquement consécutives aux agressions physiques. S’entendre dire qu’on est « inadapté » peut tout à fait constituer un choc violent pour certaines personnes et les mener à la décompensation.
Les pathologies de la solitude consécutives à la fragilisation du collectif de travail
Nous avons démontré que le désir d’être positionné au niveau 5 pouvait encourager les conduites déloyales et une certaine forme de compétition entre les salariés. À terme, c’est le collectif de travail qui s’en trouvera fragilisé avec en corollaire l’absence de communication entre collègues.
Les pathologies cognitives
Les injonctions paradoxales et le brouillage de certains repères (un objectif doit être dépassé) peut conduire la personne à douter de ses propres capacités à percevoir justement les choses, à distinguer le vrai du faux, le travail de qualité du travail mal fait. Les pathologies cognitives se présentent sous la forme de troubles du jugement, de régressions à des formes de raisonnement infantiles, de troubles de la mémoire, d’altération du rapport au temps et à l’espace (désorientation spatiale par exemple).
Les pathologies de la surcharge
Vouloir à tout prix être identifié comme un cadre exemplaire (niveau 5) peut mener certains salariés à travailler beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement. Ceux pour qui l’évaluation représente un espoir de reconnaissance pourraient décupler leurs efforts. Pour ceux-là, nous pointons un risque de surcharge du fonctionnement psychologique et cognitif pouvant entraîner des décompensations psychiques : peur de ne pas y arriver, anxiété larvée, repli sur soi, etc.) et somatiques : troubles musculosquelettiques, accidents cardio-vasculaires connus aussi sous le nom de Karôshi lorsque l’issue est fatale.
Schindler utilise les mêmes organisations du travail pour asservir ses cadres que les autres grandes entreprises. Les cadres jugés plus faible seront « éliminés ». Seul compte l’engagement total du cadre dans les préceptes Schindler. Les entretiens individuels spécial managers vont débuter, ne restez pas seul face à cette nouvelle pression patronale !
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