samedi 27 septembre 2008

Chômage : la plus forte hausse depuis 1993


TRAVAILLER PLUS, plus longtemps, plus nombreux. En finir avec les 35 heures. Durcir les conditions d’indemnisation des chômeurs et les contraindre à reprendre un emploi « raisonnable »… Autant d’idées, lancées par le président de la République pour remettre la France au travail, qui tombent aujourd’hui sur un écueil de taille : le ralentissement de l’économie. Hier, le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a annoncé une brusque remontée du chômage en août avec « 30 000 à 40 000 » personnes supplémentaires inscrites à l’ANPE, soit un nombre de chômeurs de 1,938 à 1,948 million. Une situation suffisamment préoccupante pour que les acteurs du service public de l’emploi soient convoqués lundi à Bercy, sous la houlette de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, avant la publication officielle des statistiques de l’ANPE.

Le secrétaire d’Etat à l’Emploi n’a pas caché que les chiffres « seront très mauvais, et beaucoup plus qu’avant ». Après deux ans et demi de baisse régulière, il faut en effet remonter quinze ans en arrière, à mars 1993, pour trouver un résultat mensuel aussi exécrable. Ils traduisent un véritable retournement du marché du travail déjà perceptible dans le bâtiment, l’hôtellerie-restauration, le transport ou l’intérim.

« Pas une surprise » pour les syndicats

Parallèlement, les prévisions contenues dans le projet de loi de finances montrent une chute libre de la création d’emplois salariés marchands (hors agriculture), un nombre pratiquement divisé par dix cette année, de 310 000 en 2007 à 34 000 en 2008. En 2009, le gouvernement table sur 50 000 créations nettes d’emplois salariés sur fond de « reprise graduelle de l’activité courant 2009 ». Malgré le papy-boom, le taux de chômage devrait remonter, après avoir atteint 7,2 % de la population active au deuxième trimestre 2008, au plus bas depuis vingt-cinq ans. Hier, Christine Lagarde a cependant préféré insister sur le chiffre qu’elle attend pour la fin de l’année 2009, à savoir 7,1 %.

Quant à l’objectif de 5 % de taux de chômage en 2012, la ministre se montre désormais beaucoup plus prudente, affirmant qu’il faut « être soit Madame Irma, soit un charlatan » pour faire des prévisions précises. Malgré ce contexte difficile, le budget de l’emploi sera en baisse de 5,2 % en 2009 et de 9,1 % l’année suivante. L’enveloppe allouée au service public de l’emploi, issu de la fusion ANPE-Assedic, augmentera néanmoins de 50 millions d’euros à 1,360 milliard d’euros. Deux chantiers sont déclarés « prioritaires » : « rendre notre système de formation professionnelle plus efficace et mettre un terme au sous-emploi des seniors ».

Sans être devins, les syndicats ont souligné hier que cette remontée du chômage n’est « pas une surprise » et posent les jalons pour la prochaine négociation d’assurance chômage alors que la priorité sera « d’indemniser plus de chômeurs ».

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